« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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vendredi 11 mai 2007

Votre blog a été piraté!!!!

Ce message émane du Front de Libération des Femmes de Bibliophiles... Mon mari étant absent, je pirate son blog pour vous livrer mon avis sur la bibliophilie... Un avis de femme de bibliophile, ça compte aussi, non?

Et c'est de bonne guerre, puisqu'il pirate la majeure partie de la place dans nos bibliothèques, notre salon, notre bureau, notre table à manger, notre couloir pour entreposer ses livres.

Que dis-je ? Pour exposer Ses trésors.

Tel un chasseur ramenant ses trophées, un pêcheur vantant ses prises, un bibliophile expose ses merveilles. Ahhhh telle reliure ayant appartenu à Napoléon se retrouve ainsi entre la souris et le clavier, tel exemplaire peuplé de monstres siège à nos côtés lors d'un dîner ou encore un petit recueil de poésies fait irruption quelques temps sur ma table de chevet ...

Cernée, je le suis, insensible, hélas, et pardonnez moi tous et toutes pour mon ingratitude, je le reste. Heureusement qu'il en est un à la maison qui compense bien cet outrage !

Ainsi je regarde souvent avec amusement le ballet incessant de sa cour ....
Il y a bien quelques privilégiés, nobles reliures qui depuis des années siègent au firmament de nos bibliothèques sans en être inquiétées (les "Cook", les "causes célèbres" ou oeuvres de "Buffon", j'en oublie sûrement, je ne les connais pas toutes) , mais il y a les autres .... dont la place et le rang évoluent, à un rythme et pour des raisons qui pour moi restent obscures.

Ce savant arbitrage du maître de maison qui sans relâche regarde, soupèse, photographie, renifle, range, re-range, au gré de ses humeurs ou de ses arrivages reste, après des années d'observation, une pratique nimbée de mystère.

Plusieurs fois mon mari m'a confié, lors d'un voyage ou de vacances prolongées, qu'il s'ennuyait de ses livres anciens, qu'il lui tardait de les retrouver... Pour quelles raisons ? Je ne le sais pas bien : je ne le vois jamais les lire ! Et savez-vous le comble ? Mon mari passe sa vie à me dire "pfffff je n'ai plus rien à lire" ! C'est à ne plus rien comprendre !

Car oui, une caractéristique me vient à l'esprit : le bibliophile collectionne, le bibliophile ne lit pas, ou peu, ou en tout cas pas chacun de ces livres qu'il chérit. (ce qui, soit dit en passant pose d'autres problèmes de rangement car il nourrît aussi un appétit pour les livres plus contemporains. A raison d'un livre voire deux par jour en vacances, je vous laisse faire le calcul de ce qu'il nous faut entreposer chaque année sur nos minces rayonnages !).

Mais c'est vrai, il est des passions bien moins nobles et c'est toujours avec plaisir que je lis à mes filles quelques mots de vieux françois dont nous ne nous lassons pas de rire et qui nous font fofoter en coeur. "Charles qui fentoit qu'il avoit dans fon fang la femence des qualités qui font le héros ....".

Enfin et pour finir, je vais vous faire une confidence : j'ai moi aussi une passion, plus encombrante (encore que ...), plus bruyante (ça c'est sur), non moins prenante (c'est certain aussi). Elle est dotée de 2 yeux, 2 oreilles, 4 pattes et un caractère changeant. Un tout petit cheval anglo-arabe de 6 ans rangé tout simplement dans un box .... Mon mari, beau joueur, m'a attribué un joli bout de placard en guise de sellerie. Et s'il m'offrait bientôt le Manège royal de Pluvinel ? Zuttt voilà que je m'y mets moi aussi !


Anne-Catherine.
Ouvrage présenté : pas de photos, je les ai mangées! Vengeance! :)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Quel style ! Le maître est dépassé ! Beau brin d'éloquence Madame. Pour vous servir, je suis libraire ET bibliophile... J'ai joins l'utile à l'agréable, le ludique au mercantile. Voilà le pire des aboutissements sans aucun doute pour un amateur de vieux et beaux livres... Et je ne le souhaite pas à votre bel Hugues encore que... ça pourrait venir. En tous les cas je vois que ma femme n'est pas un cas unique et ça me rassure tout de même un peu. La mienne aime l'ordre, les choses bien propres et bien rangées, bref, avec les vieux livres, même les très beaux et très bien reliés... Pas si facile.

Par ailleurs pour répondre à votre estocade (ou estoquade ?) sur le fait que les bibliophiles ne lisent pas.... je dis OUhhhh basse vengeance. Et puis alors, les amateurs de cheveaux ne sont pas tous ni jokeys ni éleveur ?! Ce qui fait que les bibliophiles ne sont pas tous pareils. Pour ma part je lis énormément mais pas de manière traditionnelle j'en conviens. La lecture en diagonale est mon sport favoris (lecture de 200 pages en 10 minutes... pour se faire une idée, un résumé de l'oeuvre... et pour mon métier c'est devenu une nécessité et même un sport. mais souvent je lis plusieurs livres à la fois, 3, 5 voire plus. Je ne les finis pas tous. Il y en a même que je commence par la fin. Un côté un peu anar... sans doute.
Bref à chacun ses jeux et ses plaisirs et je vous prie de croire que les nôtres, même s'ils vous restent obscurs bien des fois, n'en sont que plus doux et sains.

Un ami libraire de votre mari qui me reconnaîtra...

Anonyme a dit…

Ah! Ces Dames à la page,
à l'esprit affûté comme un couteau de relieur
et à la peau qui n'est certainement pas...

de chagrin.


Révérences et moulinets de chapeaux.

Hugues a dit…

Merci pour vos commentaires, un peu de solidarité masculine ne fait pas de mal face à cette (douce) adversité!
Bertrand, bien vu! La lecture rapide, c'est aussi ainsi que je procède le plus souvent.
H

nounours pascal a dit…

coucou
un petit texte trouvé (par ma femme) chez un libraire à Auray (Morbihan)lors d'une petite excursion (pas de vacances sans visiter des antres au fouillis parfois inextricable.
je vous livre ce petit "bijou"

DES LIVRES!
le bonhomme est entré chez le maître libraire!
Il avait bien promis de n'y plus revenir;
Mais le trajet des quais est long à parcourir.
On se lasse, à la fin, et puis, alors, que faire?

On entre et l'on s'assied. Tout en causant on flaire
L'alde en superbe état, l'introuvable elzévir
Dont le parchemin blanc est si doux à tenir.
Laisse, dit la raison, le coeur dit le contraire.

On emporte chez soi le cher petit paquet
Tout en songeant qu'on a, jusque sur le parquet,
De ces livres en tas qu'abomine l'épouse.

O bonhomme, bonhomme! avec prudence agit.
Cache l'in-octavo, dissimule l'in-douze
Lorsque tu rentreras, tout à l'heure, au logis.

Serions nous donc tous incorrigibles???

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