« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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dimanche 11 mai 2014

Les habitudes nocturnes du hibou ou les graffitis bibliophiles de Nicolas Restif de la Bretonne

Amis Bibliophiles bonjour,

Nicolas Restif de la Bretonne (1734 – 1806) est un polygraphe connu des bibliophiles mais il était également bien curieux personnage. Il avait par exemple pris l'habitude de laisser des traces sous forme de ce qu'on appellera plus tard des graffitis sur les murs de Paris, et en particulier sur les parapets des ponts de l'Ile Saint-Louis.

Cette habitude lui valut d'ailleurs le surnom de Griffon (celui qui griffe la pierre avec un poinçon ou graphium en latin, qui est à l'origine du mot graffiti? Ou celui qui griffonne?), qui viendra s'ajouter à autre surnom, plus connu, de hibou, qui lui fût attribué à cause de ses promenades nocturnes.


Nicolas eût cette habitude pendant plusieurs années, mais il constata que ses traces disparaissaient trop rapidement, soit parce qu'elles étaient laissées trop superficiellement, à l'aide d’une clé, ou d’un fer (dont il marque la pierre d’une date, accompagnée le plus souvent de quelques mots abrégés, latins de préférence), soit parce qu'une main malveillante les effaçaient après son passage (Paul Cottin, préface à Mes inscriptions, 1889.).

Fort de ce constat, et pour conserver une trace de ces "griffes", Restif de la Bretonne décide en 1785 de relever ses propres inscriptions et de les rassembler dans un recueil qui devait initialement être annexé à Monsieur Nicolas mais qui sera publié à titre posthume et intitulé Mes inscriptions.

Ces traces rapportent le quotidien de Restif et constituent des éléments précieux pour mieux aborder la personnalité du hibou; ainsi l'abandon de sa femme en 1780 est-il marqué Abiit hodie monstrum ("le monstre est parti aujourd’hui"), ou encore le refus du Paysan perverti en 1782 par rusticana recusata ("le paysan a été refusé". On pouvait également croiser des Sara filia (ma fille Sara), des Ruptura ou des Felix.

Ces graffitis ont-il tous disparus? Il semblerait bien que non et qu'une au moins subsiste. Nicolas était bien à Paris en 1764 et même s'il semble que cette habitude de marquer les murs ne lui viendra que plus tard, certaines personnes pensent que la trace laissée au 11 place des Vosges est une "empreinte" laissée par le hibou: 


Au 9 de la place des Vosges se trouvait néanmoins l'hôtel Nicolaï, qui fait douter quelques personnes.

H

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Une joli légende pour ce beau graffiti... Aucune preuve que le "hibou" en soit l'auteur... Ses inscriptions étaient plutôt latine et situées près de la Seine...

Hugues a dit…

Je suis bien d'accord cher Anonyme.
Hugues

Anonyme a dit…

en l'occurrence il s'agit plus de gravure avec un marteau et un burin que d'un simple graffiti. Il faudrait demander à un professionnel de pierres tombales le temps nécessaire à une telle inscription
Patrick C.

Anonyme a dit…

... en bas de chez moi aussi, il y a une inscription "nicolas", très bien conservée d'ailleurs... j'habite, qui plus est, à proximité de la seine... vous la trouverez facilement, elle est sur un immeuble avec un marchand de vins...
Xavier (tjs aussi honte de moi !)

Unknown a dit…

L'expression " Écrit sur la borne " désignant un écrit rédigé à la hâte, sur le vif , ne viendrait-elle pas de là ?

Rivarol l'a employée à propos de Sébastien Mercier : " Lui seul nous a donné un livre pensé dans la rue , écrit sur la borne "

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