« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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mardi 26 mars 2013

La Bibliophilie est cosa mentale... et affaire de langage: quelques expressions bibliophiles peu connues

Amis Bibliophiles Bonsoir,

J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer ici quelques uns des mots insolites et originaux qui font le quotidien d'un bibliophile, qu'ils servent à qualifier la couleur d'un maroquin (sable, citron, taupe, violine, etc.), la qualité d'un papier, ou un livre même (chopin, etc.). C'est je trouve un grand plaisir de la bibliophile que de (re)découvrir ces termes, que nous sommes peut-être les seuls ou les derniers à employer... 


En voici un florilège, collectés dans un petit carnet au cours de lectures (chacun ses manies!)... En connaissez-vous d'autres? 

Faire du cul: cette expression est employée par Dudin (L'art du relieur-doreur de livres, 1772) pour désigner un livre qui est plus rogné vers l'ouverture que vers le dos (mais je n'ai jamais personnellement croisé cette expression dans les délicats catalogues de maisons de ventes.)

Faire de la pointe: c'est le contraire, l'expression est employée pour désigner un livre qui présente le défaut d'être plus rogné vers le dos. 

Livre truffé, expression qui n'est pas rare mais que j'aime beaucoup: ce dit d'un livre dans lequel on a incorporé des documents (portraits, dessins originaux, états intermédiaires de gravure, prières d’insérer, lettres, etc.). A retenir, quand c'est bien truffé, cela se vend en effet au prix de la truffe.

Défouetter: pratiquer le défouettage, à savoir débarrasser un livre du fouet qui le serre sur un ais ou entre deux ais.

Dents de rat: expression employée pour désigner les décors de reliure qui se présentent sous la forme d'une succession de petits triangles plus ou moins détaillés. 

Moustache: tranchefile sur ficelle en reliure.

Lavron: groupe de feuilles qui n'ont pas été ouvertes ou "coupées", ni par le relieur, ni par un lecteur et qui restent donc fermées.

Farci: en codicologie, ce mot désigne un volume manuscrit dans lequel on a inséré des feuillets portant un autre texte entre les pages.

Biblioklepte: voleur de livres, évidemment.

Bibliocapèle: du grec bibliokapelos, désigne un libraire vendant des ouvrages au détail.

Le très élégant "astéronyme" qui désigne un ensemble d'astérisques employées pour masquer un nom que l'on veut conserver anonyme. Ce procédé a beaucoup servi au 18ème siècle pour les ouvrages anonymes justement.

Le regrettable "caviarder" qui signifie couvrir d'encre un passage d'un livre que l'on veut rendre illisible.

Bouquineur: celui qui aime rechercher et lire des bouquins ou des "vieux livres".

Et l'expression que j'aime plus que les autres peut-être: "désirable". Je crois que cette expression est de M. Jammes (à vérifier), utilisée pour désigner un livre... elle veut tout dire et résume ce que je ressens souvent face à un ouvrage. 

H

1 commentaire:

Jean-Paul Fontaine, dit Le Bibliophile Rhemus a dit…

- "kapeleion" en grec veut dire "petit commerce", et l'abbé Rive a inventé en 1790 le terme de "bibliocapèle" pour désigner un "frippier" [sic] de livres, c'est-à-dire un brocanteur de livres.
- L'astéronyme a été très utilisé également au XIXe pour les catalogues de vente publique des bibliothèques dont les propriétaires voulaient rester anonymes.

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