« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

frise2

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jeudi 24 mai 2007

Vacances!

Ca y est. Je pars en vacances pour une semaine, découvrir les fonds de la Mer Rouge.

Pour être prévenu du retour du blog, merci d'envoyer votre adresse email à blog.bibliophile@gmail.com .


Normalement, je reprends la plume samedi 2 juin. Mais rien ne vous empêche de relire les 62 et quelques messages.

H

Les livres qui tuent ou rendent fous

Nous avons récemment évoqué le Nom de la Rose, d'Umberto Eco, mais saviez que l'un des ressorts essentiels du livre (les pages empoisonnées), est en fait directement inspiré d'un fait réel? Ce même fait qui inspira également Alexandre Dumas puis Patrice Chéreau (au cinéma) pour la Reine Margot.


Il faut remonter au 14ème siècle, et au règne de Jean de Bavière (1375 - 1424) pour retrouver les faits. Prince-évêque de Liège, puis duc de Bavière, Jean était un souverain autoritaire qui se brouilla rapidement avec ses sujets. Chassé et déposé, il revint au pouvoir avec l'aide de son beau-frère Jean Sans Peur, le duc de Bourgogne. Son despotisme n'en fût que renforcé et il prît rapidement le nom de Jean Sans Pitié, décapitant les veuves de ses défunts adversaires.

Ce charmant personnage finît par avoir des vues sur les terres hollandaises de sa nièce Jacqueline, et mît la main sur celles-ci grâce à une alliance avec le propre mari de la nièce en question. Jacqueline quitta son mari et le continent, épousa le duc de Gloucester et revînt pour reconquérir ses terres à la tête d'une armée anglaise.


Parallèlement, elle mît au point l'empoisonnement de son rival : un noble hollandais, familier de Jean et apparenté aux deux rivaux, enduit le livre de prières personnel de Jean d'un poison lent... On ne sait si la mort fût causée par inhalation, ingestion ou par le toucher mais Jean mourût à Delft en 1424... Le complice mourût également.

L'assassinat ne fût naturellement pas revendiqué mais il est repris dans diverses chroniques de l'époque dont la Chronique des duchés de Lorraine et du Brabant, d'Edmond de Dynter.

Autre cas intéressant d'ingestion fatale... celui de Ménélik II (1844-1913), le Négus ou Roi des Rois d'Ethiopie, de 1889 à 1913. Cette fois-ci la victime est le Négus lui-même, qui fût pourtant un souverain progressiste : après avoir fondé Addis-Abeba, il repoussa l'armée italienne et la mît en déroute, puis il introduisit le télégraphe, l'automobile, le chemin de fer, et d'autres nouvelles techniques.

Hélas... Ménélik fût victime d'un infarctus en 1913... qui s'il ne lui fût pas fatal... lui mît de drôles d'idées en tête. En effet, celui-ci, très croyant et persuadé des vertus curatives de la Bible, entreprît d'ingérer patiemment mais goulûment le Livre des Rois (logique me direz-vous), en le déchiquetant de ses propres dents. Le résultat ne se fît guère attendre et Ménélik mourût dans de terribles souffrances, les intestins bouchés et collés...

Enfin, que dire de ce New-Yorkais, allez appelons le Thibault, qui manqua périr enseveli sous les centaines d'ouvrages de sa collection, qui s'étaient effondrés sur lui et empêchaient tout accès à son appartement.

Quand je pense que certains imaginent que la bibliophilie est une passion tranquille, qui se vît charentaises aux pieds, chat sur les genoux et thé dans la main... ils se trompent lourdement, nous vivons dangereusement!

Tiens, je connais un libraire, allez appelons le Bertarnd, qui est un fin connaisseur du Nom de la Rose... Imaginez que l'encre lui monte à la tête et qu'il se mette à recouvrir chacun des livres qu'il envoie à ses clients des quatre coins de la France, d'un poison aussi indétectable que fatal... Voilà un bon sujet pour un roman noir bibliophile...

Brrr... je retourne mettre mes gants!

H

mercredi 23 mai 2007

Les "petits" métiers autour du Livre Ancien

Les métiers autour du Livre

Voici quelques uns des professionnels que tout bibliophile peut être amené à croiser au cours de ses pérégrinations. J'oublie volontairement le libraire et/ou le bouquiniste, que nous connaissons tous.


Le restaurateur : à ne pas confondre avec le relieur, même si une même personne peut exercer les deux activités. En effet, alors que le relieur exécute la première reliure destinée à recouvrir et protéger un livre, à partir de feuilles, voire d'un exemplaire broché, le restaurateur intervient pour "réparer" ou remettre en état une reliure déjà existante. Les coordonnées des bons restaurateurs s'échangent quasiment sous le manteau... tant leur talent est recherché et surtout pour éviter des délais encore plus longs. Car c'est bien là le point crucial avec les restaurateurs, les délais qui peuvent transformer le plus patient des bibliophiles en énergumène vociférant. En effet, si vous confiez un ouvrage à un restaurateur, sachez que l'attente qui va suivre va s'écouler d'abord en semaines, puis en mois... voire en année (ça m'est arrivé). La patience est mise à rude épreuve, le restaurateur est volage, il n'hésite pas à remettre la restauration de votre petit ouvrage à plus tard pour s'atteler à une encyclopédie en 36 volumes que vient de lui confier un de vos concurrents. Et n'espérez pas récupérer votre ouvrage pour autant... il est souvent décousu, etc. J'hésite toujours longuement avant de recourir à de tels services. Il faut vraiment faire les bons arbitrages entre délai, valeur du livre, coût de la restauration... même s'il est vrai que je n'ai jamais été déçu par le résultat. En plus, je n'arrive jamais à en vouloir vraiment à a restauratrice préférée.



L'expert : vous le croiserez si vous fréquentez les salles des ventes. Armé de ses bibliographies et de son expérience, c'est lui qui rédige les listes ou les catalogues de vente. Ce sont des personnes que j'affectionne particulièrement, et qui sont souvent assez cocasses. Il est très intéressant de discuter avec eux, on apprend toujours quelque chose. Certains d'entre eux, comme Monsieur Galantaris ont écrit des ouvrages passionnants sur la bibliophilie. De manière générale, tout catalogue est d'ailleurs une source bibliographique intéressante.



Le courtier : également habitué des salles des ventes, c'est un intermédiaire entre les vendeurs et les libraires. Le plus souvent il achète en salle pour le compte de libraires qui ne sont soit pas présents pendant la vacation, soit éloignés de la ville où se tient la vente (par exemple des libraires étrangers), soit parce qu'ils préfèrent avancer masqué pendant la vente. Le courtier n'a pas ou très peu de stock, et il n'est qu'un intermédiaire qui se rémunère selon un ratio établi entre le prix payé en salle et le montant de l'ordre que lui a laissé un libraire. En général, si l'ordre était de 100 euros, et que le courtier réussit à acheter le livre à 80 euros, il conserve la moitié de la différence pour lui, soit 10 euros. Inutile de vous dire qu'il apprécie en général assez peu que vous poussiez les enchères contre lui pendant une vacation.




En écrivant ces lignes, il me revient un chiffre intéressant entendu lors d'une conférence du SLAM : 50% des livres que vend un libraire sont vendus à d'autres libraires. Lors de la même conférence, un nouveau métier à été d'ailleurs évoqué par un intervenant qui a pu rencontrer quelques libraires bien établis : de plus en plus, ces libraires ont parmi leur personnel un collaborateur qui est chargé d'acheter des livres sur internet, soit sur ebay, soit auprès d'autres libraires présents sur la toile, une sorte de courtier internet en interne en somme, que vous rencontrerez peut-être si vous vendez occasionnellement des livres sur ebay.


Une seule passion, c'est trop peu pour un seul homme... aussi vais-je vous quitter une semaine pour aller assouvir un autre vice, celui de la plongée sous-marine, au pays du papyrus. Je serai absent une semaine sans savoir si je vais pouvoir (ou vouloir) poster des messages depuis mon lieu de vacances.




C'est notamment pour cela que je demande à tous ceux qui le souhaitent de m'envoyer leur adresse email afin d'être averti du retour du blog. Vous pouvez simplement m'envoyer un email vide à blog.bibliophile@gmail.com .

Merci à ceux d'entre vous qui l'ont déjà fait.

Je posterai demain soir, jeudi, un autre message.

H
Images : des gravures d'un ouvrage du 16ème illustré par Merian.

mardi 22 mai 2007

Un livre à l'honneur : Les Oeuvres d'Ambroise Paré

Le 22 avril 1575, un titre majeur dans l'histoire du Livre Ancien sort des presses, il s'agît des oeuvres complètes d'Ambroise Paré. Ouvrage protéiforme qui connût plusieurs rééditions, il est également connu pour la richesse et la diversité de son iconographie.


Bien que d'origine modeste et ayant fait son apprentissage chez un barbier, Ambroise Paré (1510 - 1590) est considéré comme le père de la chirurgie moderne. C'est sur les champs de bataille que celui qui déclarait n'avoir jamais lu le Gallien apprît réellement son métier et révolutionna la discipline. En effet, les nouvelles armes de l'époque (on s'ébouillante et on s'arquebuse à tout va) nécessitent une nouvelle approche. Il sera ainsi le premier à démontrer que les tirs d'arquebuse ne sont pas empoisonnés. Il publiera d'ailleurs un texte souvent oublié dès 1545, "La manière de traicter les playes faictes tant par harquebutes que par les autres batons à feu" (sic).




Paré est également connu pour son observation attentive des cadavres et pour avoir pratiqué la première ligature des artères lors d'une amputation. Cette technique innovante remplace dès lors la cautérisation au fer rouge (Aïe) et sauve la vie des patients. Il soigna de nombreux patients directement sur le champ de bataille ou dans les villes assigées au cours de sa carrière. C'est après avoir brillamment guéri le duc de Guise, en 1551 que Paré fut nommé Premier Chirurgien du Roi.



Ses découvertes couvrent un très vaste domaine, des instruments à d'autres plus étonnantes. Ainsi, en 1557, au siège de St Quentin en Picardie, il note que les asticots d'une certaine mouche aident à la cicatrisation des plaies de blessés. Cette thérapie aujourd'hui développée ou redécouverte, est notamment utile contre les souches nosocomiales de bactéries.



Le 29 juin 1559, Ambroise se trouve avec le célébrissime Vésale au chevet de Henri II, gravement blessé lors d'un tournoi. Le 10 juillet, Henri II s'éteint sans que les deux plus grands médecins de son temps puissent le sauver.

Le 1er janvier 1562, Ambroise Paré est nommé premier chirurgien d'un autre Roi (Charles IX), c'est aussi le début de la première guerre religieuse à laquelle Ambroise participe (en qualité de chirurgien) avec l'armée royale (il échappe d'ailleurs de peu à la sanglante Saint-Barthélémy puisqu'il est dans la chambre de Coligny au moment où l'amiral est assassiné). Le 15 octobre, le roi de Navarre est blessé. Il devient alors le patient de Paré. Malheureusement, le souverain décède peu de temps après, le 17 novembre. Pas de bol. (sourire, il faut bien se détendre un peu).

Autodidacte ne sachant ni le grec ni le latin, il publia à dessein ses ouvrages en français, avec les encouragements de la cour et de ses illustres contemporains, dont Pierre de Ronsard. Paré souligne ainsi dans son avis au lecteur : « Je n'ay voulu escrire en autre langaige que le vulgaire de nostre nation, ne voulant estre de ces curieux, et par trop supersticieux, qui veulent cabaliser les arts et les serrer soubs les loix de quelque langue particulière ». Ses oeuvres sont la somme de 40 ans de pratique et constituent un ouvrage indispensable pour tous ceux qui sont intéressés par les ouvrages de médecine ou par les curiosités.

En effet, dans ce beau volume in-folio, on trouve plusieurs centaines de figures gravées sur bois dans le texte, représentant des instruments, des opérations, mais également, et pour la première fois, des prothèses (dont celle à moustache), ainsi que des animaux fabuleux et autres monstres. Parmi ces célébrités, citons le "monstre marin ayant la teste d'un moyne, armé et couvert d'escaille de poisson", "un monstre marin, ressemblant à un evesque, vestu de ses habits pontificaux", "un monstre marin ayant la teste d'un ours et les bras d'un singe", la "figure hideuse d'un diable de mer", etc.



La sortie de l'ouvrage ne se fît point sans difficultés puisque la Faculté fît entendre son opposition à sa parution. En effet, le doyen de la Faculté de médecine, entouré de médecins qui auraient dû soutenir Paré, tentèrent de s'opposer à la mise en vente du livre, prétextant qu'il contenait des choses abominables, contraires à la bonne morale. L'affaire fut menée devant le Parlement, sans succès et le livre fut distribué et mis en vente sans modifications.

Les éditions 16ème sont plutôt rares, les éditions 17ème sont rares mais restent possibles à trouver... Bonne chine!

H

Images : des images d'un de mes deux exemplaires.

lundi 21 mai 2007

Des tirages au 17ème siècle....

On évalue le nombre des incunables qui sortirent des presses à un total compris entre 15 et 20 millions d'ouvrages... Difficile aujourd'hui de se représenter les tirages des livres anciens, qui nous semblent désormais toujours trop rares (sauf si on aime Massillon et Bourdaloue!).


Au fil de mes pérégrinations bibliophiles, que le blog rend de plus en plus nécessaire, pour nourrir vos appétits insatiables et gourmets, au fil de mes pérégrinations donc, je suis tombé sur un texte concernant les tirages qui étaient communément pratiqués au cours du 17ème siècle.

A votre avis, combien d'exemplaires d'un ouvrage étaient imprimés au milieu du 17ème siècle à Paris? dix exemplaires, cent, mille, dix mille, plus? C'est une question que je me suis souvent posée.

Une étude effectuée sur la base des privilèges accordés, et qui étaient obligatoires pour mettre un livre sous presse, pour l'année 1644 à Paris, nous apprend qu'en fait environ 1000 privilèges furent accordés. Un nombre important pour un monde de l'édition parisienne alors en plein prospérité. Songez ainsi que l'on est passé de 164 ouvrages différents en 1600 à ces 1000 obtenus pour l'an 1644.

En fait, pour ces 1000 éditions, le tirage variait à chaque fois entre 1000 et 1500 exemplaires.... On peut en tirer deux enseignements à titre privé :

1. Pour 1644 uniquement, et seulement à Paris, c'est près d'un million d'exemplaires qui furent imprimés... Le chiffre laisse rêveur et permet également d'imaginer la part importante de ces volumes qui ne résistèrent pas aux aléas de l'histoire.

2. Plus simplement, si vous possédez un ouvrage de cette période... vous pouvez également considérer qu'il n'a qu'un bon millier de frères de la même édition. Pour les ouvrages qui ne furent jamais réédités, cela devient vertigineux et assez intéressant si on veut mettre en perspective l'âge d'un livre, sa valeur éventuelle, sa rareté et tout ce qui a pu lui arriver aux cours des 4 derniers siècles.



Sur le plan historique, cela signifie également que le marché était capable d'absorber ce million d'exemplaires par an...ce qui n'est pas rien... Je n'ai pas de chiffres pour 1650, mais songez qu'il n'y avait que 194 liseurs/lecteurs à Paris entre 1500 et 1600.


Quand une nouvelle acquisition vient rejoindre ma bibliothèque, il n'est pas rare que je la garde longuement entre les mains, essayant d'imaginer sa vie : qui l'a achetée pour la première fois, a-t-elle voyagé, comment a-t-elle survécu aux affres de la Révolution et de la Terreur, puis aux guerres Napoléoniennes, mondiales, etc. Aussi je suis assez avide de tout type d'information pouvant replacer le livre dans son contexte historique... je rêve d'une traçabilité en fait!

H
Images : deux acquisitions récentes : les Liaisons Dangereuses, 1782, deux volumes in-12, et une jolie reliure... dénichée à pas cher sur ebay...

dimanche 20 mai 2007

Un relieur indélicat... ou Napoléon et la Pompadour unis dans le mensonge!

L'un des principaux atouts que peut présenter un livre ancien est la provenance... Et ce relieur-restaurateur parisien l'avait bien compris. Longtemps restaurateur attitré de grands libraires, son talent était tel que ses pastiches de reliures anciennes étaient vraiment très difficiles à identifier, même pour un professionnel. Il abusa même un expert en signant une reliure mise aux enchères, et que l'expert qualifia bien d'ancienne, tout en avouant ne pas connaître ce relieur...


Notre ami aurait pu s'en tenir à cela d'ailleurs, mais comme souvent, c'est l'occasion qui fît le larron et lorsque les conditions furent réunies il passa à un stade supérieur. Il avait en effet réussi à se procurer le fer de Mme de Pompadour et celui de Napoléon. Une fois récupérés les catalogues de leur bibliothèques, il ne lui restait plus qu'à trouver les ouvrages des dits catalogues dans des conditions plus modestes, puis à y frapper les armes des deux personnages historiques... quitte à réemboiter les textes dans des maroquins... La valeur des ouvrages était alors décuplée, voire plus.

Et c'est semble-t-il bien ce qu'il fît. Je dis "semble-t-il" car dans l'univers feutré des livres anciens de luxe, les scandales se nouent rarement au grand jour. En fait, c'est une vente à Drouot qui attira l'attention des amateurs et des professionels. Celle-ci proposait en effet un (trop) grand nombre de reliures de grande provenance, notamment des reliures aux armes de l'Empereur et de la Pompadour. Tous furent stupéfaits de la richesse de la collection et d'autant plus sceptiques. Rapidement, certains firent le lien entre les volumes présentés, un libraire s'étant retiré, et notre fameux relieur-restaurateur... La vente devînt alors suspecte et les résultats ne furent pas à la hauteur des espérances.


Il est clair que les bibliothèques de Napoléon et Madame de Pompadour (on cite aussi celles de la Comtesse du Barry, ou de Marie-Antoinette) n'ont fait que s'accroître depuis la disparition de leur propriétaires... ce qui n'est pas courant.

La vigilance est donc de mise quand on vous propose une mariée trop belle, à des conditions inespérées... Mieux vaut être vigilant, même si les experts eux-mêmes avouent qu'ils peuvent se laisser tromper par de telles reliures lorsqu'elles sont bien exécutées.


Comment les identifier? Difficile, on ne peut que conseiller de se méfier des armes dont la dorure semble éclatante, et encore, cela n'écarte pas les falsifications anciennes, qui existèrent aussi. Le meilleur moyen reste peut-être de vérifier que la dorure ne recouvre pas d'accrocs ou d'épidermures. En effet, les armes étaient le plus souvent poussées juste après la reliure, alors que le maroquin ou le veau étaient encore immaculés, les dommages "normaux" liés au temps doivent donc apparaître au dessus de l'or de la dorure... et non au dessous!

H
Images : les armes de la Pompadour, et celles de Napoléon.

samedi 19 mai 2007

Nouveau Sondage

Voici un nouveau sondage destiné à mieux vous connaître.
Je compilerai les résultats de tous ces sondages hebdomadaires dans une étude que je mettrai sur le blog.
Merci pour votre participation!
H

Edition Originale?

Je suis resté intrigué par notre débat d'il y a quelque temps sur la notion d'Edition Originale, et j'ai cherché à en savoir plus.


Contrairement à ce que disait Thibault, l'Edition Originale n'a rien à voir avec ce cousin du caribou qui peuple les plaines du grand nord Canadien. Désolé Thibault!

En fait, l'expression date de la fin du 18ème siècle. A cette époque, l'auteur confiait son texte à un libraire-éditeur, à charge pour celui-ci de le faire imprimer avec le privilège du roi puis de procéder à la mise en vente. Les problèmes survenaient ensuite, en effet, une fois le livre mis en vente, il était très fréquent que d'autres éditeurs s'emparent de l'oeuvre et la réimpriment sans scrupules sous un faux nom, et surtout sans que l'auteur ne touche aucun droit d'auteur.
Le terme "Edition Originale" a donc été inventé pour désigner l'édition approuvée par l'écrivain, à savoir celle qui a été confiée par lui à un éditeur.

Au 19ème, les contrefaçons ne faiblirent pas, notamment de la part d'éditeurs belges qui produisent des copies d'oeuvres françaises à un prix très modiques. Après la réplique des éditeurs français et notamment de Girardin qui proposa des livres à un prix encore plus faible, mettant en difficulté l'édition belge, les auteurs français toucheront finalement des droits d'auteur sur ces édition belges.

Il sera alors difficile de discerner ces éditions belges, approuvées par l'auteur et qui paraissent avant l'édition française, mais dans des formats réduits et d'une qualité modeste, des premières éditions françaises, très soignées sur le plan typographique et souvent reliées. Et ce d'autant plus que certaines de ces pré-originales belges étaient en fait des compilations de textes parus en feuilletons dans des journaux.

Au final, on retiendra 3 éléments :
- L'Edition Originale est la première publication en librairie d'un ouvrage avec le consentement de l'auteur (définition du libraire Lefebvre).
- Si un texte est publié dans un périodique avant la parution du livre, le livre compilant les parutions périodiques est alors dite édition pré-originale (cas de certaines éditions belges du 19ème).
- Si une édition est revue, corrigée ou complétée par son auteur, elle est qualifiée d'édition en partie originale (ou EPO.... naan je plaisante!). Pour les Maximes de la Rochefoucauld, on compte ainsi neuf éditions en partie originale.

Voilà! Il y aussi les princeps... mais c'est une autre histoire.


H
Image : La Rochefoucauld himself.

Nouveau Message ce soir

J'essaierai de poster un message plus tard ce soir.
Demain, un nouveau filou sera à l'honneur.
H

vendredi 18 mai 2007

La Bible de Gutenberg

Oeuvre principale des débuts de l'imprimerie, la Bible de Gutenberg (1398 - 1468) inspira la méfiance lors de sa parution. En effet, alors que certains pensèrent qu'il avaient en fait acheté un manuscrit pour la somme dérisoire de 60 écus, ce qui était pour le moins louche, alors que d'autres imaginèrent que c'est le Diable qui avait inventé ce nouveau moyen pour falsifier et détourner les écritures.


Selon certaines sources, Gutenberg et son associé Jean Fust furent d'ailleurs dénoncés aux juges pour cela.

De 180 à 200 exemplaires de cette fameuse bible à 42 lignes furent imprimées entre 1455 et 1456, tous à Mayence.

Aujourd'hui, 48 exemplaires sont encore en circulation, dont vingt-et-un exemplaires complets. La France en possèdent trois, deux à la Bibliothèque Mazarine, et un à la Bibliothèque Nationale.



Il existe un débat sur le fait que certains furent imprimés sur véin, et d'autres sur papier, ou tous sur vélin. Il semblerait que 45 furent imprimés sur vélin et au moins 135 sur papier.

Un fac-similé tiré à 3000 exemplaires fut édité en 1985.




Trois anecdotes?

Dans les années 20, un libraire de New-York, Gabriel Wells, qui possédait un exemplaire endommagé, "cassa" le livre et le vendît par sections et même par page. Les pages furent vendues dans un coffret accompagné d'un essai sur l'ouvrage. Aujourd'hui, ces pages se négocient entre 20 000 et 100 000 dollars, selon leur état et leur intérêt.

Un exemplaire fût mis aux enchères chez Christie's en 1987, mais il ne s'agissait que de la partie concernant l'Ancien Testament. Il fût acheté par un japonais pour 5,4 millions de dollars. Le dernier exemplaire complet fût vendu chez Christie's en 1976, pour 2,2 millions de dollars, ce qui donne une idée de l'augmentation des prix!

Dans le film le Jour d'Après, alors que des jeunes gens essaient de se réchauffer dans la bibliothèque de New-York, alors que la ville est prise dans les glaces et la neige... ils s'apprêtent à brûler une bible de Gutenberg dans un feu, juste avant qu'elle ne soit sauvée par un des personnages.


H
Images : la fameuse Bible.

jeudi 17 mai 2007

Le prix des Livres...

La question du prix du livre est souvent au coeur de la passion bibliophilique...Non parce qu'il faut considérer une bibliothèque comme un placement ou un investissement, mais parce que sauf exception, il faut bien acheter les livres qui viennent ensuite s'alanguir dans nos rayonnages. Et même si vous êtes amateur de romans de série noire des années 50, un jour ou l'autre, la question du prix d'un livre se pose.


Rapidement, on en arrive alors à la notion de cote, de prix du marché, tout en sachant que la passion n'a au fond pas de prix. Pour moi, le prix d'un livre est simplement celui que j'ai envie de mettre, dans le sens où il peut m'arriver de "surpayer" un ouvrage. La loi du marché à ma propre échelle enfin de compte...

Etablir une cote fiable, voire un"argus du bibliophile ou du livre ancien", est une tache difficile. En effet, la bibliophilie subit fortement l'influence des modes et des époques et si les Cazin dont je parlais récemment furent très à la mode au 19ème, on connaît aujourd'hui des libraires qui les négligent (si, si, je vous assure). Quelques grandes tendances existent malgré tout : l'âge dans une certaine mesure, la rareté d'une édition quand le texte ou l'auteur est de qualité, un travail important sur la forme (reliure, suite, etc.), une provenance rare.


En général on cite trois critères qui influencent le prix du livre ancien:

1. La qualité au sens large, que je viens d'évoquer plus haut (âge, état, texte, tirage, provenance, reliure, etc).
2. La loi de l'offre et de la demande qui vient modérer le premier critère (et donc les "modes").
3. Le facteur personnel ou la passion de l'acheteur (et son pouvoir d'achat) qui reste le critère suprême et qui peut venir contredire les deux premiers facteur.

Ainsi, si vous collectionnez les petits volumes de la bibliothèque Elzevirienne par exemple, vous savez que chaque volume peut se trouver autour de 50-100 euros maximum... Maintenant, s'il ne vous en manque qu'un seul pour avoir la collection complète... nul doute que vous serez prêt à dépenser bien plus!

Ce qui est intéressant, c'est que depuis que les livres existent, ils ont fait l'objet d'un commerce, et la notion de prix marchand est quasi indissociable de celle de livre ancien.

Ainsi, on sait que Platon acquit les trois livres du pythagoricien Philoaus pour 10000 deniers, qu'en 1400, une copie du Roman de la Rose fût vendue 833 francs devant les portes du Palais, à Paris....

Tous les libraires avec lesquels j'en ai discuté considèrent que le Livre Ancien est un mauvais placement, en tout cas à court terme... mais peut-être est-ce pour dissuader les éventuels investisseurs. En effet, une thèse sur le livre soutenue à la faculté de Mons en 1990 propose des perspectives intéressantes : si une famille disposant d'un patrimoine de 2,6 millions d'euros en 1900 l'avait investi dans de l'or, elle posséderait aujourd'hui de 2,7 millions d'euros, si elle l'avait investi dans de la terre de Beauce, elle posséderait aujourd'hui 6,1 millions d'euros, et si elle l'avait investi dans une collection de grandes éditions originales, elle posséderait aujourd'hui 35 millions d'euros.

Reste à savoir comment le marché à évolué depuis 1990, alors qu'internet n'existait pas au sens où on l'entend aujourd'hui.

J'ai l'impression que le principal changement qu'il a apporté est en effet une évolution, d'un marché de l'offre, sur lequel marchands organisaient les prix, géraient la rareté et souffraient peu de la concurrence, à un marché de la demande, sur lequel l'acheteur peut à tout moment comparer le prix d'un livre chez les libraires du monde entier.

Finalement, il est probable que cela a renforcé l'influence du facteur prix sur le marché du Livre Ancien... en jouant à la baisse... et que la nouvelle génération y est plus sensible. Néanmoins, et nous avons déjà abordé ce sujet dans le blog, il est probable que cette évolution du marché, et le nivellement des prix à la baisse qu'elle induit, est bénéfique pour le bibliophile, permettant notamment à de jeunes passionnés de venir grossir nos rangs!

Mais peu importe au fond, si nous écrivons ou lisons ce blog, c'est que nous sommes tous des passionnés... et nous savons bien que le prix, s'il importe, n'est pas capital, c'est le plaisir qui compte... Ainsi, pour moi, mes livres favoris dans ma bibliothèque ne sont pas forcément ceux qui ont le plus de valeur.

H

Images : des images de reliures, glânées ça et là... Je suis en vacances!

mercredi 16 mai 2007

Un Livre à l'honneur : Le Malleus Maleficarum, ou le manuel d'inquisition du 15ème siècle

Le Malleus Maleficarum, ou Marteau des Sorcières, est le plus connu des traités de sorcellerie et le plus utilisé des manuels de sorcellerie. Publié en 1486 (pour ceux qui suivent, c'est donc un... incunable), il fût écrit par Heinrich Kramer (aussi connu sous le nom de Henri Institoris) et Jacques Sprenger.


Si Institoris (1430-1505) est un inquisiteur implacable de l'ordre des Dominicains qui est même contesté dans les rangs de l'Eglise, Sprenger, dominicain lui aussi, est un homme très instruit et malgré son titre d'Inquisiteur de la Vallée du Rhin, il n'a pas joué un rôle actif dans la traque des hérétiques et des sorciers.

Hommes de progrès, les deux auteurs choisirent de lutter contre l'hérésie en utilisant la technique la plus moderne de l'époque, à savoir l'imprimerie, afin de favoriser la diffusion rapide de leurs idées.

Extraordinaire somme démonologique, le Malleus se compose de trois parties principales.



Dans la première, les auteurs démontrent la réalité des maléfices et la nature de la sorcellerie, ils y expliquent aussi notamment pourquoi les femmes, à cause de leur faiblesse et de leur intelligence inférieure (pas de commentaire), sont par nature plus disposées à céder aux tentations du Malin.

Dans la deuxième partie, Institoris et Sprenger donnent des exemples concrets, qui sont autant de récits assez extraordinaires et fantastiques : tranformations en animaux, en monstres, vols sur les balais durant le sabbat, capacité à déclencher des catastrophes naturelles, destruction des récoltes, rapports sexuels entre sorcières et démons, etc.


Enfin, la troisième partie est le code criminel qui doit permettre d'interroger et de punir suspects et coupables (les suspects finissant rarement innocents, il faut bien le reconnaître). L'argumentation logique utilisée pour énoncer des absurdités constitue l'un des grands charmes de l'ouvrage, par ailleurs sinistre. Ce vademecum pour inquisiteur détaille aussi très précisément comment procéder à la capture, instruire le procès (notamment le rasage intégral du corps des accusés au fer rouge , afin de trouver la fameuse « marque du Diable », preuve de culpabilité), organiser la détention et l'élimination des sorcières. Il explique également comment accorder ou non du crédit aux déclarations des témoins, dont les accusations sont souvent proférées par envie ou désir de vengeance. Naturellement les deux auteurs assurent également que les juges, en tant que représentants de Dieu, ne peuvent être soumis à l'inquisition et en proie à l'hérésie. Pratique, non?



L'idée qui domine l'ouvrage est que si l'Eglise arrive à exterminer les sorciers à l'aide de ce livre et via l'Inquisition, le diable perd la plupart de ses moyens d'action.

Son succès sera immense. Entre 1486 et 1520, on compte une quinzaine d'éditions, parues dans des villes rhénanes, mais aussi à Paris et à Lyon. A raison de 1 000 ou 1 500 exemplaires par tirage, 20 000 exemplaires ont pu circuler avant la Réforme. Le traité connaît une seconde vie à la fin du XVIe siècle. De 1574 à 1621, une quinzaine de nouvelles éditions sortent des presses européennes. Les dernières éditions datent des années 1660.

Les détracteurs de l'hystérie démonologique furent peu nombreux mais existèrent.. On peut citer Jean Wier, qui publie en 1564 un traité Des illusions des démons, des incantations et des poisons , ne niant pas l'existence de Satan et de certains sorciers, proposant plutôt de soigner ces gens, qui sont de simples malades.

Les plupart des éditions sont in-8, mais on trouve également des in-4.


H

Images : le Malleus.

Incunable?

J'ai récemment vu sur ebay, un livre de 1505 qualifié d'incunable par le vendeur... c'est inexact en fait.


Pour mémoire, le mot incunable désigne tous les imprimés publiés avant le début de l'année 1501. En pratique il peut ainsi désigner tout ouvrage imprimé entre l'invention de l'imprimerie par Gutenberg (1440-1450) et la fin de l'année 1500, ce qui recouvre une grande diversité d'ouvrages au niveau de l'apparence. En effet, les incunables peuvent ainsi être des imprimés proches des manuscrits codex sur le plan de la mise en page, mais aussi des livres comparables à ceux que l'on trouvera au premier quart du 15ème siècle.

Les premiers incunables furent imprimés à Mayence mais leur tirage (entre 150 et 200 exemplaires) nécessita rapidement de les écouler en dehors de la ville et de sa région. Ceci, ajouté au fait que les imprimeurs expérimentés quiitent leur patron pour aller s'installer dans d'autres régions a permis un développement rapide.En Allemagne, en plus de Mayence, Cologne, Bâle, Augsbour, Nuremberg et Ulm sont les villes phares, alors que d'autres imprimeurs quittent le pays et s'installent en Italie entre 1465 et 1480, notamment à Venise, qui devient la capitale du livre imprimé.



L'un des personnages phares de l'histoire du livre s'y installera d'ailleurs en 1489. Il s'agît d'Alde Manuce, qui inventera le caractère italique mais révolutionnera aussi les formats, inventant l'in-8, la reliure, en préconisant le maroquin, les plats, en utilisant le carton.... mais aussi le mode de distribution puisqu'il a été l'auteur du premier catalogue de vente. C'est aussi lui qui publiera en 1500 le Songe du Poliphile... peut-être mon livre préféré.



En France, trois allemands, Freiburger, Gering et Krantz, répondirent à une offre émanant de l'Université de Paris. Ils s'établirent à l'Enseigne du Soleil d'or, dans la rue..... Saint-Jacques, qui devint vite le centre de la vie bibliophilique parisienne. A Lyon, le premier imprimé paru en 1743.


Voilà pour la datation, je rédigerai un autre message prochainement un autre message sur les incunables eux mêmes : format, papier, etc.Le chiffre qui compte : selon des recherches récentes, en 50 ans, entre 1450 et 1500, 35000 titres, soit environ.....15 à 20 millions de volumes sortirent ainsi des presses!

Où sont-ils passés?

Pas dans ma bibliothèque en tout cas. Et dans les votres?

H
Images : Alde Manuce, l'ancre Aldine sa marque, deux incunables.

Redynamisation du sondage

Je relance le sondage sur la taille de vos bibliothèques.
Je compilerai les résultats de tous ces sondages hebdomadaires dans une étude que je mettrai sur le blog.
Merci pour votre participation!
Ce soir, un "Livre à l'honneur" avec un nouveau message sur un ouvrage important.

lundi 14 mai 2007

Esthétique

Quelques retouches esthétiques effectuées au blog ce soir, dans une tentative de le rendre plus digeste et plus léger.
Si vous avez des suggestions, n'hésitez pas.
H

Etes vous cazinophile?

Les "Cazin" sont des livres de petits formats qui parurent à la fin du 18ème siècle. Ils furent surnommés ainsi, du nom de l'imprimeur et éditeur français Hubert Martin Cazin (1724 - 1795).


Celui-ci succéda à son père qui était libraire et relieur en 1755. D'abord installé à Reims, il rejoignit la capitale vers 1782 et s'associa avec Valade, qui était déjà un spécialiste des petits formats. A la mort de Valade, Cazin lui succéda complètement et continua l'édition de petits formats. Selon les bibliographies, il s'agît parfois de formats in-18.


Ces ouvrages sont de véritables petits bijoux (ils sont d'ailleurs les précurseurs des livres bijoux), à la fois pour leur soin, leur qualité, leur typographie et parfois les sujets évoqués. Ainsi, le caractère licencieux de plusieurs d'entre eux valut à Cazin des saisies de livres, une amende et deux séjours à la Bastille!

Par extension, les livres de petit format de la fin du 18ème siècle sont souvent qualifiés (à tort) de Cazin, et les cazinophiles (amateurs de d'ouvrages en format cazin) contribuèrent largement à la confusion en attribuant à Cazin des ouvrages qui n'étaient pas de lui. Au total, Cazin publia environ 350 volumes répartis en 200 titres, mais le succès de ce format entraîna de nombreuses contrefaçons, ou copies.


Les pages de titre des Cazins affichent des lieux d'éditions divers : Paris, Londres, Genève, voire Chez Cazin.

Lorsqu'ils sont en bon état, notamment en veau glacé ou en maroquin (presque toujours avec un triple filet doré sur les plats), ce sont vraiment des ouvrages magnifiques et je vous encourage à en posséder au moins un... les éditions les plus recherchées étant bien sûr les curiosa. Il est à noter que ces ouvrages contiennent souvent de très jolies gravures, voire des pages de musique notée... la plupart des grands classiques de la littérature du 18ème sont disponibles.

Nous parlions il y a quelque temps des soucis de rangement qui se posent parfois aux bibliophiles... spécialisez-vous dans les cazins, la collection complète ne prend qu'un peu plus de trois mètres de rayonnage, ce qui est fort peu!

Il existe plusieurs bibliographies... dont Cazin, sa vie et ses éditions, de Brissart-Binet.

Cazin sera tué à Paris, d'un éclat de mitraille, le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), lors des émeutes qui accompagnèrent l'insurrection royaliste. Cette insurrection fût écrasée par le général Bonaparte qui laissa la mitraille tirer pendant trois quarts d'heure, faisant un véritable carnage parmi ces insurgés très inégalement armés. Il y a plus de 300 morts. Le futur consul sera alors surnommé "le général Vendémiaire".

Mais revenons aux Cazins, vraiment, ce sont des livres admirables, d'une très très grande qualité.

H
Images : quelques cazins de ma collection : Rousseau, des chansons galantes, etc.

Pour les Fans!

Pour vous rafraîchir la mémoire, mais en anglais... Sorry.
H

Casting

Bon si j'ai bien compris...
- Bertrand se dévoue pour incarner Baskerville, j'imagine que c'est à cause de la robe de bure.
- Thibault est plus tenté par Bernado Gui, parce qu'il aime l'ordre et la morale (cf les messages sur les pirates), et qu'il a une tendresse pour les espagnols...
- On a un Messire l'Abbé qui laisse des messages anonymes sur le blog...
- Je me dévoue pour jouer l'apprenti... Question d'humilité... et de goût.

Mais qui donc choisir pour Salvatore?

Sourire

H

dimanche 13 mai 2007

Un Arsène Lupin Bibliophile

Passages secrets, échelles de corde, documents oubliés, incunables et monastère situé sur un piton rocheux... tous les ingrédients étaient réunis pour un excellent scénario, à ceci près qu'ils furent les éléments d'une véritable histoire judiciaire qui s'est nouée entre 2000 et 2003, en Alsace.


Le couvent du Mont Sainte-Odile, près de Saverne est perché sur un piton rocheux depuis l'an 700 et a traversé l'histoire mouvementée de cette région sans grand dommage... jusqu'en l'an 2000, où sa riche bibliothèque fût victime de vols aussi spectaculaires qu'inexplicables.

Au total, près de 1100 ouvrages dont neuf incunables disparurent comme par enchantement, et ce alors que très peu de personnes avaient le privilège de pouvoir pénétrer dans la bibliothèque, et malgré le changement des serrures.

Ce n'est qu'en 2002, avec l'installation d'une surveillance vidéo, que le voleur fût découvert et appréhendé.
En fait, à 8 reprises depuis 2000, il s'était introduit dans la bibliothèque et avait dérobé des livres.



Ses premières expéditions furent classiques, il pénétrait dans la bibliothèque par une porte dérobée découverte par hasard et qui menait directement dans la salle des chapitres. Après ces premières disparitions non élucidées, les serrures furent changées... mais les vols reprirent sans que l'on ne puisse l'expliquer.

En effet, notre Arsène Lupin bibliophile avait effectué des recherches très poussées sur l'architecture de ce couvent millénaire à la bibliothèque de Strasbourg, et découvert un passage secret, comme on en voit dans les meilleurs films...

Désormais, il lui "suffisait" de rejoindre le grenier du couvent, puis d'ouvrir une trappe dissimulée dans son plancher... au moyen d'une échelle de cordes, il descendait alors dans une pièce aveugle et oubliée de tous. Depuis cette pièce, en poussant le fond mobile d'un meuble et quelques planches, il pouvait pénétrer dans la bibliothèque. Il y passait alors la nuit pour choisir ses livres, vidant parfois un rayonnage d'un seul coup, et laissant même une signature malicieuse à l'occasion. Il entreposait parfois des livres dans la pièce aveugle quelque temps avant de les emporter chez lui. Lors de son dernier voyage, ce sont près de 300 ouvrages qui furent retrouvées dans deux valises.

Pris en flagrant délit, notre Arsène Lupin reconnu rapidement les faits et les gendarmes découvrirent les près de 1000 ouvrages à son domicile, qui étaient en bon état. Son but n'était en effet pas lucratif et il amassait ces livres pour son propre plaisir, ayant même repris l'apprentissage du latin pour les décrypter.

Finalement, le couvent pût récupérer ses livres. Le coupable fût jugé et lors du procès ce fût surtout l'aspect compulsif et névrotique de l'acrobate qui fût étudié... La condamnation fût de 18 mois avec sursis.

Je m'étonne que cette aventure assez extraordinaire n'ait pas encore attiré l'attention d'un scénariste, quitte à la transposer au Moyen-âge, il faut avouer que Guillaume de Baskerville se serait régalé. Non?


Voilà, c'était notre "filou" du dimanche.

H
Images : le couvent du Mont Sainte-Odile

Une exposition interactive de reliures

J'ai constaté que les messages sur la reliure génèrent pas mal d'intérêt de votre part. Aussi, j'ai imaginé l'organisation d'une petite exposition interactive de reliures pour le blog.
Pour cela j'aimerais vous faire travailler un peu, afin de ne pas mettre uniquement des photos de reliures m'appartenant.
Ainsi, en est-il parmi vous qui seraient prêts à m'envoyer quelques photos d'une ou plusieurs de leurs reliures afin que je les diffuse?
Vous pouvez me contacter à blog.bibliophile@gmail.com, soit pour me donner votre accord de principe et je programmerai alors l'exposition, soit pour m'envoyer directement des images si vous le souhaitez.
Ce soir, comme tous les dimanches, on retrouve la grande saga des "filous" du Livre Ancien... Rendez-vous vers 20h30!
H

samedi 12 mai 2007

Nouveau sondage

Voici un nouveau sondage destiné à mieux vous connaître.
Je compilerai les résultats de tous ces sondages hebdomadaires dans une étude que je mettrai sur le blog.
Merci pour votre participation!
Ci-dessous, le message du jour : les différentes sortes de peaux utilisées pour les reliures.
H

Bonjour, veau, vache, cochon....

Après ce petit intermède féminin que j'ai découvert en même temps que vous ou presque (il était déjà en ligne..), je reprends les manettes.


Reconnaître le matériau organique utilisé pour une reliure nécessite une petite expérience, mais on prend vite l'habitude...

Quelles sont les différentes et les plus fréquentes appellations pour nommer une reliure et son matériau, et que signifient-elles réellement? (pour les livres anciens).

La Basane : la basane est une peau de mouton, contrairement à ce que certains bibliophiles pensent à cause de sa ressemblance avec les reliures en plein veau. En réalité, elle de qualité moindre et est surtout employée pour les reliures courantes au 18ème siècle. Lisse et souple, elle a un grain moins noble qu'un veau et semble plus fine... parfois aussi fine qu'un cartonnage. Elle est rarement d'une autre couleur que "brune" ou "marron", même si elle peut être mouchetée, racinée, etc.


Le veau : le matériau le plus courant pour les livres anciens à partir de la fin du 17ème siècle, c'est une peau de... veau. D'aspect lisse, son apparence est plus noble que la basane, mais sa fleur est très délicate et peut être facilement éraflée, rayée ou tâchée. Le veau se prête particulièrement bien à la dorure. Il est le plus souvent "brun" ou "marron", mais a également fait l'objet de teintures vertes, bleues... cela reste rare, car dans ces cas précis, les relieurs optèrent souvent pour un maroquin.


Le vélin : utilisé à l'origine pour réaliser certains manuscrits, le vélin s'est imposé avec l'invention de l'imprimerie. C'est en fait un parchemin (d'où le fait qu'il est parfois ainsi nommé, à tort selon moi) fait à partir d'une peau de veau ou de chèvre. Il est en général très clair, et peu même être imprimé. Certains livres sont ainsi appelés "exemplaire sur peau de vélin". Le papier vélin est une chose différente, on l'appelle ainsi à cause de la ressemblance avec le vélin. Les reliures en vélin ont tendance à disparaître à la fin du 17ème au profit du veau. On peut les "dorer", mais les contraste et moins saisissant que sur le veau, elles sont également parfois estampées à froid. Le vélin est de couleur claire, "crème".


Le Maroquin : le plus noble des matériaux utilisé pour relier un ouvrage. Il s'agît en fait d'une peau de chèvre à gros grains, que l'on réserve aux reliures de luxe. Avec le temps le grain est devenu plus apparent... presque invisible au 17ème, il est très visible sur les reliures du 20ème siècle. Il peut être teinté, et si la couleur la plus fréquente était le rouge, on croise également des citrons, des bleus, des tête-de-nègre, des noirs (pour les reliures de deuil par exemple) et d'autres couleurs. Malheureusement, pour les couleurs les plus claires comme bleu ou citron, le dos est le plus souvent passé.


La peau de truie : elle a quasiment disparu après la seconde moitié du 16ème siècle, c'est une peau claire, épaisse, et qui était parfois richement décorée à froid. Elle recouvrait souvent des ais de bois (qui constituaient les plats).

On connaît également le box (veau utilisé en reliure moderne), le cuir de Russie et des matériaux qui furent utilisés de manière exceptionnelle, en particulier à partir du 19ème... reptile, métaux, papier, bois.. et même d'autres choses encore plus étranges, que j'évoquerai peut-être une autre fois.

H

Ouvrages présentés : les différentes reliures en question.


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