« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

frise2

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samedi 30 juin 2007

Communiquez via les commentaires

Je serai de retour le 15 juillet.
Comme convenu j'ouvre ce message pour que vous puissiez communiquer via les commentaires si vous le souhaitez.
A bientôt.
H

vendredi 29 juin 2007

Vacances

Il est peu probable que j'ai le temps de poster un message demain.
Je vous conseille de passer régulièrement sur le blog, pour voir si j'ai posté un message. De toutes façons, soyez en assurés, je serai de retour le 15 juillet.
Demain, j'ouvrirai un message dans lequel vous pourrez communiquer via les commentaires, n'hésitez pas à débattre, etc. A défaut de pouvoir intervenir simplement, je pourrai suivre les débats sur mon blackberry.
Ci-dessous, le message du jour, sur l'incendie d'une partie de la bibliothèque Téchener (merci Bertrand!).
Je vous dis donc à bientôt.
"Longue vie et prospérité". (Mr Spock, Star Trek V, l'Ultime Frontière)
H

Un 29 juin de sinistre mémoire... l'incendie de la collection Téchener

Comme vous le savez, je pars demain pour deux semaines... ça tombe bien, l'excellent Bertrand m'a transmis ce texte destiné au blig, et qui est fort intéressant...

Nous sommes le 29 juin... voyez ce qui se passa le 29 juin 1865, et prions tous (en vain, je le crains), pour que cela ne se reproduise plus.

Les livres brûlés à Londres du libraire Téchener :


Ce message du jour est tout entier lié à l’annonce suivante que l’on pouvait lire au verso de la page de titre du 212è numéro du Bulletin du Bouquiniste de Auguste Aubry, libraire (15 octobre 1865) :

EN VENTE :
CATALOGUE DES LIVRES RARES ET PRECIEUX, MANUSCRITS ET ESTAMPES,
Brûlés à Londres
Le 29 juin 1865 dans la maison Leigh Sotheby, J. Wilkinson et Hodge,
auctioners, Wellington Street (Strand),

Appartenant à J. Joseph TECHENER père
Libraire à Paris.
Paris, octobre 1865, un vol. in-8 de 360 pages, rédigé par M. J.L. Téchener fils.
Prix : 6 francs.

Ce curieux catalogue comprend 2496 numéros.

Ainsi se termine l’annonce en précisant toutefois que ce catalogue forme la septième partie de la vente Téchener.

A la première lecture de cette annonce, j’avoue n’avoir pas eu connaissance de ce terrible incendie et j’aurais aimé en savoir plus sur cette affaire macabre…

C’est l’érudit Gustave Brunet qui répond très en détail à mes interrogations seulement quelques dizaines de pages plus loin dans le n°213 du 1er novembre 1865.

Inutile de paraphraser cet excellent ami des livres, je le cite in extenso :

« Il ne s’agit pas ici d’un catalogue de livres offerts en vente publique ; il n’est pas question, comme dans le Catalogue d’un amateur (M. Renouard, 1818, 4 vol. in-8), d’une réunion de livres précieux que garde un bibliophile désireux de dresser l’inventaire de ses richesses. Ce catalogue-ci est une oraison funèbre. Les livres précieux qu’il énumère n’existent plus. Envoyés à Londres pour y figurer dans une de ces auctions où les guinées britanniques se prodiguent souvent avec une intelligente libéralité, ils sont devenus victimes d’un incendie. En quelques heures, les flammes ont dévoré tous ces trésors. Quelques jours après, on retirait des décombres, on enlevait par tombereaux des livres carbonisés, des volumes informes, car l’eau avait détruit ce que le feu avait épargné.

C’est là une perte irréparable. Où retrouver ces manuscrits, ces dessins originaux, ces livres anciens qui chaque jour deviennent plus rares ? Là figuraient quelques volumes imparfaits, tellement difficiles à rencontrer que M. Téchener les possédait depuis une trentaine d’années sans avoir jamais réussi, malgré son infatigable activité, à en découvrir d’autres exemplaires, même défectueux, pour compléter les premiers. Le 29 juin 1865 restera néfaste dans les annales de la bibliophilie.



Le désastre est consommé ; une bien faible, bien imparfaite consolation nous reste, consolation qui n’est elle-même qu’une source de regrets. M. Téchener a eu l’excellente idée de dresser, d’après ses notes, l’inventaire des livres dont Vulcain a fait sa proie ; il a joint à certains articles, des annotations fort intéressantes, et de ce travail pénible, il est résulté un beau volume très-bien imprimé, qui ne renferme pas moins de 2.496 numéros.

Une semblable réunion d’ouvrages précieux en tous genres atteste l’indomptable persévérance et le dévouement absolu de M. Téchener à la cause des livres ; ce catalogue, réuni à ceux qui ont déjà paru successivement et dont nous avons eu l’occasion de parler, constitue un véritable monument, et tous les amateurs doivent s’empresser de lui réserver une place dans leur cabinet.

Les littératures italienne et espagnole occupent un rang considérable dans le catalogue en question. Bien des livres précieux du XVIè siècle attirent l’attention des connaisseurs. L’ancien théâtre italien est largement représenté, et on ne compte pas moins de cinq vieilles éditions de la très-curieuse comédie de la Célestine.

Il va sans dire que tous ces anciens volumes sont d’une conservation irréprochable, les uns sont recouverts de ces vieilles reliures que les amateurs aiment tant à rencontrer et pour lesquelles ils font parfois des folies ; les autres doivent leur habillement de somptueux maroquins, leurs élégantes dorures, aux plus habiles artistes de Paris.

Parmi les éditions du XVè siècle, nous avons remarqué la très-intéressante relation du voyage de Breydenbach à la Terre Sainte (Mayence, 1486) ; la Divina Commedia de 1491, l’Isocrate de Milan, 1493 (édition princeps) ; les Epistolae (supposés) de Phalaris, 1498 (édition princeps) ; le Procès de Bélial (Lyon), 1481 ; le Strabon et le Suétone, imprimés tous les deux en 1472 ; le Suidas de 1490, et bien d’autres ouvrages dont le temps n’a laissé subsister que bien peu d’exemplaires.

N’oublions pas une précieuse collection aldine. Nous savons que ces impressions sont moins en faveur qu’autrefois aux yeux des bibliophiles ; mais cette froideur est injuste. Des exemplaires bien conservés, sortis des presses des plus illustres typographes du XVIè siècle auront toujours le plus grand prix aux yeux des véritables connaisseurs. La plupart de ces volumes aldins sont d’ailleurs fort rares. Parmi ceux que possédait M. Téchener et qui malheureusement sont anéantis, nous distinguons l’Hypnerotomachie de Polyphile, 1499 ; l’Aristote, en 5 vol. in-fol., 1495-1498 ; les éditions princeps d’Aristophane, d’Athénée, de Démosthène (exemplaire en grand papier), d’Hippocrate, de Jamblique, de Thucydide.


La classe des beaux-arts est des plus intéressantes ; à côté des recueils d’estampes, de gravures et de portraits, at auprès de grands ouvrages à figures se trouve une réunion presque complète des livres ornés de figures gravées sur bois par Jost Ammon, Virgile Solis, Hans Sébald, et autres petits maîtres allemands du XVIè siècle. Nous mentionnerons seulement, en prenant au hasard : Un volume grand in-folio, contenant 2.000 gravures sur bois environ, depuis les premiers essais de l’art (il y a deux planches xylographiques) jusqu’aux productions contemporaines. Pour obtenir un pareil recueil, il a fallu détruire une multitude de volumes ; plusieurs anciennes éditions en différentes langues, des Icones Mortis d’Holbein ; les Caprichos de Goya, un inappréciable volume contenant 221 dessins, croquis et esquisses de costumes et de caricatures.

Des livres sur la chasse, de précieux voyages, mériteraient aussi d’être signalés, et l’histoire, on peut le croire, tient une place distinguée sur cet inventaire véritablement étonnant. Pourquoi faut-il que, faute d’espace, nous soyons obligé de n’accorder aucune mention spéciale à ces ouvrages sur l’art héraldique, si recherchés aujourd’hui ? Dans la section de l’archéologie, on distinguera sans peine quelques volumes des plus précieux, notamment un magnifique recueil de dessins originaux (au nombre de 97), faits, en 1845, par Beauvalet de Saint-Victor, d’après les originaux d’Herculanum, de Pompéi, de la Sicile et des musées d’Italie.

Observons aussi en passant que nos regards sont tombés sur les titres de quelques ouvrages qui ne figurent pas habituellement sur les catalogues des ventes faites à Paris ; mais ces livres, étant en langue française, peuvent probablement avec moins d’inconvénients être présentés à Londres aux enchères publiques, et ils auraient obtenu, nous le craignons, un prix supérieur à celui qu’on eût donné pour une collection entière des Moralistes anciens et modernes. En tous cas, ces Libri di fuoco (littéralement des Livres de feu ou destinés au feu, à être brûlés …) ont accompli leur destinée.

Il est bien dur de se trouver en face d’une réalité désolante, de se dire que ces milliers de volumes, d’une conservation parfaite au-dedans et au dehors, que ces livres dignes de figurer dans la bibliothèque d’un souverain, que tous ces ouvrages qu’on se serait disputé à coups de bank-notes, qu’on se serait arraché à prix d’or, ont péri sans retour.

Je défie tout véritable amateur de lire sans palpitations de cœur le catalogue si bien rédigé, si soigneusement classé par M. Léon Téchener, et qui, précédé d’une dédicace aux bibliophiles français, restera comme un modèle en son genre. Avec quel plaisir on en aurait noté les prix d’adjudication ! Que d’additions importantes pour une nouvelle édition du Manuel du libraire ! Mais le destin se joue de nos projets, et des livres comme des hommes, il ne reste qu’un peu de cendre que les vents dispersent.

Nous avons placé le catalogue dont nous présentons une analyse bien incomplète à côté de notre exemplaire d’un volume relatif à une autre bibliothèque qui, elle aussi, a péri dans un incendie, nous voulons parler de l’inventaire raisonné, imprimé à Paris, en 1805, de la collection nombreuse et bien choisie que le comte de Bourtoulin avait réunie à Moscou. Ce fruit de trente ans de recherches disparut dans la grande catastrophe de 1812. »

Gustave BRUNET.

Voilà avec les jolis mots de Gustave Brunet comptée l’histoire de livres qui ne sont plus. Si cet article évoque quelque chose pour vous, si vous avez eu à vivre un tel désastre, une destruction de vos livres, par l’incendie ou tout autre catastrophe, n’hésitez pas à partager avec les autres membres du blog vos impressions.

Cela rappellera à certains l’image de l’incendie du donjon d’une certaine abbaye bénédictine du nord de l’Italie. L’histoire commençait ainsi : En l’an 1327… Mais ceci est une autre histoire…

Merci beaucoup Bertrand!


Photos jointes : Londres pendant un de ses premiers grands incendies au XVIIè siècle (1666), la marque d’appartenance du libraire Téchener, tracé à la plume sur la dernière garde blanche d’un magnifique exemplaire relié par DURU (reliure datée 1850). Hypnerotomachia Poliphili. Venise: Aldus Manutius, décembre 1499. Vignette gravée sur bois (heureux ceux qui possèdent un Poliphile!).

jeudi 28 juin 2007

Portrait de bibliophile : Raphael

Comme toutes les semaines, je vous propose un portrait de bibliophile, voici celui, très beau, de Raphael.

Pourriez-vous nous parler un peu de vous et de votre bibliothèque?


Ma bibliothèque est à mi-chemin entre le grenier Dogon et le " bocal de l’huître rêveuse ". C’est une petite pièce dont la fenêtre est voilée pour ne laisser passer qu’un jour soigneusement dosé. Je la partage avec un Anthurium tordu à force de chercher la lumière et qui proteste à grand renfort d’inflorescences rouges. Aux murs, des tableaux, dont quelques un sont le livre comme thème. La bibliothèque en elle-même est constituée de vitrines au verre fumé et de placards clos qui concentrent les arômes. Laplace pour les livres que je souhaite protéger est limitée et oblige à bien mûrir les choix d’autant plus que, pour l’instant, tout livre entré n’est jamais ressorti…


Une partie de la bibliothèque reprend celle d’un grand-père bibliophile,collectionneur d’ouvrages scientifiques (chimie, alchimie, biologie..), une seconde partie a cueilli sur une branche différente des livres de littérature et de poésie de l’entre-deux guerres, pour la plupart dédicacés(Cendrars, Carco, les époux Goll, Max Jacob)

J’y ai saupoudré " de la cendre latine et de la poussière grecque " dans des éditions du 16e au 18e,en reliures qui me plaisent et/ou illustrées et/ou savamment annotées. Leséditions de tous les jours sont à part, entassées dans une joyeuse promiscuité où Saint-Augustin se frotte à Catherine Millet. Le regard y est autre, la manipulation aussi : les coins sont cornés, les dos cassés, les pages de garde noircies de notes pour pouvoir retrouver rapidement les passages qui ont plu. Ici, sont aussi rangés les catalogues de libraires.

Depuis quand la passion de la bibliophilie s'est-elle emparée de vous?

Probablement le jour où, vers 17 ans, je suis tombé chez un brocanteur sur un exemplaire de l’Etymologicon linguae latinae du savant hollandais GJ Vossius un petit in-folio de 1664 (Jean Grégoire, Lyon) recouvert de basane au dos à nerfs orné. Sa grande marque d’imprimeur m’avait frappé de même que l’ex-libris manuscrit d’un curé de Moustiers. C’était exhumer le témoin précieux d’un siècle à perruques et alexandrins. Mes parents me l’ont offert, c’était mon premier livre ancien. Je l’ai toujours, avec ses coins émoussés, ses mors fendus, ses coupes râpées et son parfum resté intact. Le constant voisinage avec des livres de tous âges qui ont conflué de chaque famille a fait le reste.

Quels sont vos domaines de prédilection, ou votre approche est-elle éclectique et vous fonctionnez au coup de coeur?

Je procède par accès monomaniaque généralement autour d’un coup de cœur. Le plus souvent la trouvaille d’un livre s’accompagne immédiatement de la recherche exhaustive de la documentation pour l’éclairer, et, si elle existe, de celle de son double moderne pour en faire la lecture puis, pendant un temps, d’ouvrages du même type. Ma bibliothèque manifeste une préférence pour le XVIe siècle mais ne s’impose pas de limites chronologiques ; elle accueille aussi bien et des cartonnages gaufrés Napoléon III de chez Mame et des reliures de la Belle Epoque si elles sont très originales aussi bien que des Curiosa bricolés maison des années 20 ou des manuscrits exotiques.


Où achetez vous vos livres.? Internet, salons, libraires?

Les sources ont naturellement évolué avec le temps. Comme vous le soulignez, Internet a révolutionné l’accès aux livres. J’achète peu dans les salons, où les livres y sont soit très beaux mais trop chers, soit de qualité mitigée,par force, car destinés à être manipulés en permanence et exposés aux aléasde la météo. Cependant, j’aime m’y promener pour l’aspect documentaire.

Je trouve sur eBay, environ tous les six mois, un livre qui me satisfait vraiment. Sinon, je fréquente les librairies en ligne pour trouver très rapidement un livre, le plus souvent d’intérêt bibliographique pour documenter un achat précédent. Internet m’a permis d’acheter également chez des libraires étrangers (USA, Italie, Hollande-attention parfois aux taxesdouanières à l’arrivée!). Sinon, j’aime aussi beaucoup fréquenter les librairies qui nous laissent musarder dans leurs rayons en toute liberté. Ce temps à part est particulièrement agréable. On peut en profiter aussi pour nouer connaissance avec une littérature maintenant un peu en retrait comme celle de Victor Margueritte (les années folles un peu cochonnes, en étan tréducteur), de Dorgelès (lire le Château des brouillards après les Croix de bois) et d’autres encore, dans des reliures d’amateurs convenables (avec dela chance en EO), entre 15 et 30 euros.

On peut puiser aussi dans les volumes de la collection illustrée de la Modern-Bibliothèque de chez Fayart (j’y ai découvert par exemple le roman " L’inconnu " de Paul Hervieu, ami d’Octave Mirbeau) où il y a de bons illustrateurs, comme Hermann-Paul. Peut-être un bon début de collection sans se ruiner si on aime la littérature et les livres. Au total, la proportion Internet/Librairies s’établit aux environs de 60/40.

Quel est le ou les livres qui vous font rêver? Et les livres que vouspossédez déjà et qui vous sont particulièrement chers?

Absolument sans hésiter, les intouchables livres de la bibliothèque Pillone.Je me suis rabattu sur les catalogues que Pierre Berès leur a consacré et qui ont le droit de cité dans mes meilleurs casiers.Sélectionner ses livres préférés est une rude épreuve. Ils ont tous leur histoire qui compte autant, sinon plus, que leur valeur marchande. Celui-ci (Histoire des Insectes de Jean Goedart, 1700, Pierre Mortier, Amsterdam) avec ses planches coloriées est un cadeau d’anniversaire, cet autre (un Pierre Louÿs dédicacé) a sauvé par son achat chez un jeune libraire sympathique une journée un peu morne, cestuy-là rappelle un rude duel nocturne sur le Web (Euripidis Tragoedia octodecim, Pieter Braubach,Francfort, sd (ca 1558) en peau de truie estampée), cet autre (Métamorphoses d’Ovide, 1534, Heirich Petri, Bâle, également en reliure allemande) commenté par Glareanus, du premier cercle des amis d’Erasme, concentre bizarrement à mes yeux toute sa valeur dans la puissance d’évocation de l’humaniste.


L’Atalanta Fugiens de Michel Maier (1518, H. Gallerus, Oppenheim), avec les gravures de de Bry, dans son vélin d’origine, joue toujours ses petitesfugues (reconstituées, on peut les entendre sur le Web) pour mon aïeul qui était si attaché à ses livres. Ce petit incunable-là, un Térence de 1483(Baptista de tortis, Venise) acheté à Turin, avec ses marginalia et ses petits dessins en marge d’écoliers polissons, a peut-être croisé Carpaccio ;cet autre enfin, un " rameau " de la plus belle veine (mal acheté, malrestauré) impose sa vue douloureuse comme le port d’un cilice.

Vous savez que les lecteurs du blog aiment les histoires, auriez-vous une anecdote à nous raconter, sur une trouvaille, un livre, autre chose quitouche à la bibliophilie ?

Je suis très attaché à un exemplaire relié de l’EO du Poète assassiné de Guillaume Apollinaire (1916, L’édition, Paris) avec sa couverture conservée qui représente un cavalier blessé à la tête. Cet exemplaire est dédicacé au crayon très simplement " A monsieur B…, très cordialement, Guillaume Apollinaire ". Il se trouve que ce Monsieur B.. était critique littéraire et avait été invité par le poète à la première de sa fameuse pièce " les Mamelles de Tirésias ". Non seulement, Monsieur B…en avait conservé dans cet exemplaire le –je pense, assez rare- carton d’invitation monogrammé au crayon rouge " G.A " mais avait inséré également la coupure de journal contenant l’article qu’il avait écrit à la mort d’Apollinaire (9/11/1918).Entre deux lignes d’hommage, on apprend la petite histoire de cet exemplaire: " Ce fut par un samedi d’hiver ; un ciel bas et morose était suspendu sur les frileux parisiens. Cendrars me dit " Allons chez Apollinaire, je vaisvous présenter "…Aussi quittâmes-nous la Boule d’or pour aller au numéro 204du boulevard St-Germain, au dernier étage, rompre le silence et le recueillement où s’était réfugié le poète. …Apollinaire nous montra sa "librairie ", une vaste bibliothèque au fond de l’appartement aux pièces sombres. Nous y vîmes de curieux ouvrages anciens…L’auteur des Mamelles nous offrit son Poète Assassiné avec une dédicace au crayon… Puis ce fut par pneumatique l’invitation à la fameuse représentation des Mamelles deTiresias, au concert Maubel".


Enfin, vous êtes un visiteur fidèle du blog... qu'en attendez-vous?

Qu’il me confirme dans l’idée, comme il le fait souvent, qu’on apprend sansfin, et qu’il continue à confronter les regards différents que nous avons les uns et les autres sur les livres qui nous sont chers. Qu’il vive longtemps !
Merci Raphael!

H

Quelques photos :Le Parnasse des Dames, sd (vers 1830) chez L. Janet, Paris.Euripidis Tragoedia, ca. 1558, P. Braubach, Francfort.Ovidius, De Tristibus, 1511, Venise, Ioannes de Cereto de Tridino, aliasTacuinusPsaumes de David, Manuscrit éthiopien, début XXe, (deux prêtres et laTrinité).

Attention, très beau portrait...

Je vais poster mon message un peu tard ce soir.
Sans doute vers 21h30.
Mais venez, venez, braves gens, parce que vous pourrez lire le très beau portrait de Raphael, bibliophile et viiteur du blog.
H

mercredi 27 juin 2007

Pays de connexion au blog

Voici les pays d'où viennent les visiteurs du blog.

H

Partir un jour....

Il n'est de bonne compagnie qui ne se quitte, aussi vais-je partir en vacances samedi...
Je pars en vacances sur une île, où la connexion internet est incertaine. Je pense donc qu'il me sera difficile de poster des messages.

Afin de préparer ce départ et mon absence, je vous propose deux choses :

1. Vous pouvez soit m'envoyer un email (pour que j'ai votre adresse email), soit souscrire à l'alerte email (colonne de gauche du blog) et vous serez alors averti par email si je poste un nouveau message.

2. Je vais ouvrir un message spécial vacances, juste avant de partir, dans lequel vous pourrez communiquer via les commentaires, si vous avez envie de débattre ou d'animer un peu le blog.

De mon côté, j'essaierai de poster quelques messages, mais je ne peux le garantir. Je serai de retour le 15 juillet, pour reprendre une activité quasi normale (je pense que pendant les mois de juillet et août vous m'autoriserez à poster un message tous les deux jours, non?).

Quoi qu'il en soit, j'espère que vous resterez fidèles au blog. La rentrée sera de qualité, c'est promis, mais nous avons encore de nombreux messages d'ici là.

H

P.S. : messages du jour ci-dessous.

Citation de Nodier

Bertrand m'a envoyé une très belle citation de Charles Nodier (in Mélanges tirés d’une petite bibliothèque, ou Variétés littéraires et philosophiques, 1829).

Elle illustre parfaitement pourquoi j'ai décidé de faire ce blog, et peut-être un peu pourquoi vous y passez.

Vous pouvez la retrouver sous le titre du blog, je crois qu'elle va rester là longtemps.

La voici : "Après le plaisir de posséder des livres, il n'est guère de plus doux que celui d'en parler.".

Merci beaucoup Bertrand.

H

P.S. : ci-dessous, votre message du jour, sur la souscription au 18ème siècle, avec une belle galeire de portraits issus des Voyages de Cook.

La Souscription au 18ème

La souscription, qui existe encore aujourd'hui pour préparer la commercialisation d'un ouvrage rare était un modèle économique assez utilisé au 18ème siècle (j'en ai d"ailleurs déjà parlé pour la mise en vente de l'édition de Kehl des oeuvres de Voltaire). Le saviez-vous? Savez-vous comment cela fonctionnait, et pourquoi?


En fait, la souscription était utilisée dans deux cas principaux : le premier, lorsqu'un libraire ou un écrivain sans mécène souhaitait couvrir ses frais d'impression avant la distribution et un succès peut être fort aléatoire. Dans ce cas, le livre ne se fait que si le nombre de souscripteurs est suffisamment important, et il contiendra d'ailleurs le plus souvent une liste des souscripteurs, à titre de reconnaissance, mais aussi pour mettre leur générosité en avant (néanmoins, les généreux souscripteurs français et allemands négligeront le plus souvent cette publicité, considérée comme vulgaire, alors qu'elle est fort prisée en Angleterre)... Dans le second cas, des souscriptions sont également lancées pour des ouvrages exceptionnels.


Sur le plan pratique, c'était assez simple, on imprimait des prospectus pour annoncer la souscription. Ceux-ci étaient disponibles chez le libraire, parfois affichés sur sa devanture, voire envoyés aux clients habituels de la librairie. La souscription en elle-même peut soit être une avance, soit être une promesse d'achat du livre lorsque celui-ci paraîtra. Il est à noter que dans ce dernier cas, le livre sera vendu aux souscripteurs à un prix généralement inférieur au prix "public".


Comme je l'évoquais pour l'édition de Kehl, dans le cas d'une édition en plusieurs volumes, un calendrier des avances est établi, et comme dans le cas de Kehl, il arrive que des mécènes souscrivent à des exemplaires qu'ils renonceront à recevoir. Pour l'édition de Kehl financée par Beaumarchais, c'est le roi de Prusse, grand ami de Voltaire, qui renonça ainsi à certains de ses... 200 exemplaires!


On considère généralement que cette technique de financement fût mise au point par les anglais au 17ème siècle, elle servi notamment pour la Bible polyglotte de Walton. En France, le procédé devint courant au 18ème et on pense que c'est l'Antiquité expliquée et représentée en figures de Montfaucon qui fût le premier ouvrage concerné, en 1716.


Passé le 18ème, ce procédé est moins prisé, et ne restera rare par la suite, quand la production industrielle permettra d'imprimer à des coûts moindres. Aujourd'hui, la souscription est limitée aux ouvrages de luxes, dont le tirage limité et numéroté. Dans la plupart des cas, le souscripteur se voit alors remettre un exemplaire nominatif.


H

Images : une belle galerie de portraits issus des voyages de Cook (édition EO in-4)

mardi 26 juin 2007

Reliures anciennes : exposition virtuelle I

Voici une première exposition de reliures, j'espère qu'il y en aura d'autres.


Merci à tous ceux qui m'ont envoyé des images, c'est vraiment très gentil d'avoir pris le temps nécessaire.

Plutôt que de les regrouper par propriétaire, je les ai regroupées par période, j'espère que vous me pardonnerez, mais cela m'a semblé plus pertinent. Nous commencerons donc aujourd'hui par les reliures anciennes, c'est à dire globalement avant 1805.

J'ai peu à ajouter, je suggère que vous interveniez dans les commentaires. Ouvrez vos yeux, commentez, rêvez... identifiez les armes!


A noter, j'ai créé un album pour cette exposition (Album Expo 1), que vous pouvez retrouver dans la colonne de droite, vous aurez toutes les photos sur un seul écran, mais pas les légendes (la vie est injuste).

Les Reliures anciennes, jusqu'à la fin du 18ème :



H : une reliure ancienne aux armes mosaïquées sur un poème macaronique (1699)

H : une reliure à la fanfare du 18ème, aux armes royales.
H : une sélection de reliures17 et 18ème.

H : une reliure 17ème aux armes de Luynes

H : joli elsevier 17ème en plein maroquin (Ovide, 3 vols)

H : belle reliure 17ème aux armes de Marie Thérèse d'Autriche.

Patrick : plein veau vert aux armes NI - 1561 - Marulle - Michaelis Tarchahaniotae

Patrick : Plein maroquin aux armes de Marie Leczynska, donné par la reine Marie Antoinette à la duchesse de Tourzel gouvernante des enfants de Louis XVI et qui accompagna la reine à la Prison du temple.

Philippe : Eutychius (Oxford, 1658) : un ouvrage du Patriarche d'Alexandrie, impriméen arabe et ayant pu être feuilleté par Napoléon...(Bibliothèque de la Malmaison)

Philippe : Un vélin doré sur les oeuvres de Ronsard, Buon 1571

Gérard: petit calendrier almanach 1789 aux armes de la comtesse de Bourbon-Busset

Gérard : almanach royal 1788 (armes non identifiees)


Gérard: almanach royal 1771 armes de Armand Gaston Maximilien de Rohan eveque de Strasbourg

Gérard : semaine sainte armes de la dauphine Marie Therese d'Espagne, 18ème.


H : maroquin aux grandes armes de Louis XIII.


Bertrand : almanach royal aux armes de Louis XV 1751 reliure veau brun granité


Bertrand : de l'esprit en EO 1758 tirage 1B reliure veau marbré époque

Bertrand : détail plat reliure vers 1530 estampé à froid à la roulette


Gérard : detail plat reliure vers 1530 estampé à froid à la roulette


J'ai ajouté les prénoms des propriétaires au cas où vous voudriez leur poser des questions, voire identifier certaines armes encore inconnues.

P.S. : je poste tôt... Suis absent ce soir.

lundi 25 juin 2007

Enigme n°4 - La solution

Le mot utilisé par les gens du monde du livre pour désigner un livre prohibé au 18ème siècle est le substantif : Marron.

Pourquoi pirate dans l'indice? Un pirate abandonné par ses frères sur une île pour mauvaise était marronné, ou devenait "marron" ou "maron".

Félicitations à Raphael, qui a trouvé la bonne réponse à 20h24, soit 9 minutes après sa mise en ligne.

Félicitations également à Philippe "Lexovien", qui a également trouvé la bonne réponse, mais un peu plus tard.

Je ne sais pas si cela vous a plu, et si vous cherchez vraiment chez vous... mais ce qui est certain, c'est que vous fûtes nombreux à passer sur le blog ce soir, très nombreux!

Vous en voulez encore?

H

Enigme du Bibliophile n°4

Prêts? Mains sur le buzzer!

"Interdit, prohibé, mis à l'index, brûlé même... On m'aura tout fait ou presque...

Mot de la langue française, je suis employé au 18ème siècle par les gens du métier pour désigner familièrement les livres prohibés.

Pour arriver jusqu'à mon lecteur, je suis parfois imprimé sur des presses portatives, ou je dois courir les chemins sur le dos des colporteurs et autres passeurs qui feront tout pour m'amener jusqu'à mes lecteurs.

Je suis connu de l'Encyclopédie, qui dit de moi que je ne suis point un terme fort académique, et que je désigne précisément, un ouvrage imprimé sans privilège, sans approbation, sans nom d'imprimeur ou de lieu, furtivement. Elle blâme d'ailleurs ceux qui se prêtent à ma fabrication..

Je suis, je suis?"

Un indice : on pourrait dire, en quelque sorte, que je suis un livre pirate.

Si vous avez la bonne réponse, envoyez moi un email (mieux) ou inscrivez votre réponse en commentaire (moins bien).

H

P.S. : je rappelle le score, Messire Guillaume de Baskerville 2, votre serviteur 1... tous les autres...0 (allez, on se réveille!)


De quoi méditer....

Je vous laisse méditer les mots suivants, cités par Christian Galantaris dans son excellent Manuel du Bibliophile :

L'anglais sir Richard Heber, qui laissa à sa mort (1833) 150 000 volumes avait pour principe "qu'un bon bibliophile doit avoir trois exemplaires de chaque ouvrage intéressant, et s'employer à les trouver: le plus beau pour le montrer, le second pour s'en servir, le troisième pour être mis à la disposition des amis.»

Comment lui donner tort, s'il en avait les moyens!
Ah douce musique à mes oreilles que ces mots d'un autre bibliomane (je mène un combat pour que ce mot ne soit pas uniquement péjoratif!)...
Un homme bien ce Richard!

H

N'oubliez pas que je vais vous soumettre une nouvelle énigme bibliophilique ce soir... Elle est brevetée anti-google et me semble difficile à trouver, même entouré de nombreuses bibliographies. Pour trouver il vous faudra un peu de Culture... ah, la Culture!
20h15 donc!

dimanche 24 juin 2007

Les filous du jour.... L'imprimerie clandestine à Paris au 18ème

Le croiriez-vous, le filon des filous s'épuise, et il devient de plus en plus difficile de trouver un contenu pour mon message du dimanche, que je consacre traditionnellement à ce sujet (idées bienvenues par email, si vous avez des pistes).

Il y a quelques jours j'évoquais les stratagèmes utilisés sur les pages de titre (fausses adresses, etc.) par les imprimeurs et libraires pour échapper au pouvoir en place quand il s'agissait de livres interdits. Etaient ce des filous, ou des escrocs? Oui, si l'on s'en tient à la loi, non, si on considère que les livres contrefaits et prohibés étaient totalement entrés dans les moeurs à cette époque.

Oui, enfin, carrément même, si on a besoin d'écrire un message dominical sur les filous du monde du livre ancien!

Si les livres prohibés faisaient partie du "quotidien" des lecteurs du 18ème, leur production n'était toutefois pas sans risques. Aussi, si les risques se limitaient à l'acheminement vers Paris depuis l'étranger pour les livres interdits(on connaît ainsi une filière depuis la Suisse, qui passait par Troyes), quand ces mêmes livres étaient imprimés à Paris, la pratique était plus dangereuse.

Ceci dit, une fois le livre imprimé, les risques diminuaient nettement et on comprend donc pourquoi malgré les difficultés, la tentation d'imprimer à Paris, au coeur du marché, était si forte. En effet, si l'impression était sans risque à La Haye ou Genêve, il n'était pas rare que les livres soient saisis aux portes de la capitale, entraînant une perte financière évidente pour le faussaire. Les filières pour "passer" en fraude ces livres aux portes de la capitale étaient d'ailleurs nombreuses : livres cachés dans des ballots de marchandises, dans des voitures à double fond, voire confiés à des valets de princes du sang... qui passaient évidemment aux portes sans être fouillés.


Dans Paris, le problème était d'imprimer. Les Anecdotes Typographiques, de Nicolas Contat nous renseignent : cela passait le plus souvent par la location d'une maison à double entrée dans un faubourg, avec un jardin donnant sur d'autres jardins, pour permettre une fuite éventuelle puis on se procurait papier et presse qu'il fallait introduire en cachette dans la maison. Le papier était souvent caché dans une boîte à perruques, ou une hotte de blanchisseuse, et on utilisait le même procédé pour "sortir" les ouvrages imprimés.

Malesherbes, le fameux Directeur du la Librairie, écrivît d'ailleurs dans son Mémoire sur la liberté de la Presse qu'il estimait le nombre de presses portatives permettant ce genre de travail à une centaine dans Paris, en 1788 : "des presse qu'on peut enfermer dans une armoire, avec lesquelles chaque particulier peut imprimer lui-même et sans bruit". J'ignorais complêtement cela...

Des filous, certes, mais sans eux combien de livres n'auraient jamais existé!

Je vous rappelle que demain, à 20h15, une nouvelle énigme bibliophilique vous attendra sur le blog!

H

Images : presses et imprimeurs au fil des siècles.nt cela/

Enigme Bibliophile n°4

Comme tous les lundis, demain, je vous proposerai une nouvelle énigme "bibliophilique". Je la mettrai en ligne vers 20h15.
Je vous rappelle que si vous avez la réponse, vous pouvez m'envoyer un email (mieux), ou la poster en commentaires (moins pratique, les autres visiteurs peuvent la voir).
Pour mémoire :
Bertrand : 2 points
Hugues (c'est à dire moi) : 1 point, et je suis gentil, étant donné que j'ai collé plus de 100 d'entre vous la semaine passée, ça pourrait valoir 2 - 3 points!
A demain, 20h15 pour l'énigme donc.
Ce soir, un autre message ici... comme d'habitude!
H

samedi 23 juin 2007

Happy Birthday

Ma parole! 100 messages!


Happy Birthday mon petit blog (on est devenus très proches lui et moi)!

H
P.S. : plus bas votre message du jour.

Les reliures en peau humaine....

Cette année, j'ai eu deux fois l'occasion d'assister à une vente au cours de laquelle une reliure en peau humaine a été mise en vente. La première fois, c'était à Drouot, et le livre en question était une Danse de la Mort du 18ème, d'après Holbein (réimposée dans un volume in-4 au 19ème, de mémoire) et la seconde fois, dans une vente à Versailles, où le livre était une petite curiosité, mi curiosa, mi ouvrage pour dames, du 18ème, dans un format in-12.

Ces deux ventes m'ont amené à réfléchir sur ces reliures. Pour tout dire, lors de la première vente, je suis allé à l'exposition la veille et le matin de la vente. La première fois, je n'ai pas osé prendre le livre en main, il était d'ailleurs présenté dans une sorte de cellophane. Mais le lendemain, je l'ai pris en main. A Versailles, quelques moi plus tard, je l'ai prise en main directement.


Dans les deux cas, j'ai participé aux enchères, dans les deux cas, je n'ai pas remporté le lot (de mémoire 6000-7000 euros pour la Danse de la Mort, et 1800 euros pour le curiosa). Je collectionne les Danses de la Mort, et je suppose que c'est la raison pour laquelle j'ai finalement participé aux enchères. La seconde fois, ce fût plus pour l'objet. Je précise que je n'ai aucun goût pour les objets macabres, et que c'était plus une démarche à mi-chemin entre la bibliophilie et le cabinet de curiosité.

Finalement, j'ai effectué quelques recherches sur ce type de reliures, et je me dis aujourd'hui qu'il y a là matière, si j'ose dire, à écrire un message pour le blog.

Le 20ème siècle n'est pas loin, et si vous me lisez régulièrement, vous savez, ou vous avez compris quelle horreur m'inspire le 3ème Reich et son sinistre cortège. Ma famille en a d'ailleurs directement souffert. Je fais ce petit préambule, parce que moins de 100 ans après ce génocide atroce, il est encore dans nos mémoires et les reliures et objets en peau humaine font partie des images qui peuvent être associées aux actes impardonnables de ce régime abject. Mes lectures sur le sujet, sans fascination morbide, mais par pure curiosité bibliophilique cette fois-ci, m'ont permis de comprendre que les reliures en peau humaine ont existé bien avant 1939 et n'ont rien à voir avec le 3ème Reich.

En fait, même s'il est probable qu'elles aient existé avant, et sans doute depuis que l'homme sait tanner une peau et relier un livre, les premières reliures de ce type avérées datent du 18ème siècle, et probablement de la période de la Révolution. Et elles n'étaient pas aussi rares qu'on peut le penser. Aussi, toutes les grandes bibliothèques disposent elles de ce type de livres, qu'elles préservent le plus souvent du regard des visiteurs.

En réalité, n'en déplaise à Lovecraft qui évoque ce type de reliure pour son Necronomicon et autres ouvrages occultes, ce sont principalement des ouvrages de médecine ou des Danses de la Mort qui ont bénéficié de ce type de reliures. Ce fait mériterait d'être vérifié (Philippe, c'est vous l'historien), mais il semblerait qu'une tannerie spécialisée dans ce type de peau ait existé à Meudon sous la Terreur (sous toutes réserves)... Ce qui est certain en revanche, c'est qu'un des livres les plus connus avec ce type de reliure est un exemplaire de la Constitution de 1793. Cet exemplaire, qui a eu plusieurs possesseurs, dont le marquis de Turgot et Villenave, a été acheté en 1889 par la bibliothèque Carnavalet.



C'est au 19ème siècle semble-t-il qu'on relié le plus "fréquemment" des livres avec de la peau humaine... Je précise que la peau était prélevée sur des cadavres, généralement eux-mêmes confiés aux Facultés de Médecine. Dans l'exemplaire qui fût mis en vente à Drouot, il était précisé des conditions dans lesquelles la peau avait été prélevée, sur un corps "à l'étude", à la Faculté (il y avait même le nom de la personne).

C'est sans doute pour cela que les livres reliés en peau humaine appartinrent le plus souvent à des médecins (sans doute "immunisés") et recouvrirent le plus souvent des ouvrages de médecine. On connaît ainsi un Vesalius relié en peau humaine, conservé dans une bibliothèque américaine (... c'est un in-folio... je vous laisse imagine la surface... Bon ok, un peu d'humour, ça détend l'atmosphère, non?). En dehors de ces livres d'anatomie, et encore plus souvent de dermatologie, le 19ème siècle verra quelques amateurs confier des Danses macabres à des relieurs pour qu'ils les relient ainsi. L'approche est alors plus ironique.

Quelques livres cependant ont une histoire particulière : ainsi les confessions de George Walton (Narrative of the Life of James Allen alais George Walton), dont l'auteur exigea qu'un exemplaire fût relié avec son épiderme après sa mort. Cet exemplaire porte d'ailleurs l'insription "HIC LIBER WALTONIS CUTE COMPACTUS EST" sur le 1er plat, ce qui signifie, ce livre a été écrit par Robert Walton et relié dans sa propre peau.On connaît également l'histoire du livre ayant appartenu à l'astronome français Camille Flammarion (conservé à la bibliothèque de l'observatoire de Juvisy), relié en peau humaine, et qui aurait été relié avec la peau d'une connaissance de Flammarion, après le décès de celle-ci. Si l'exemplaire est bien réel, diverses versions existent sur la provenance de la peau.


D'autres exemples : La bibliothèque de Cleveland possède un Coran, relié avec la peau d'un croyant, à sa demande, après sa mort. On connaît aussi une traduction des Georgiques de Jacques Delille, reliée avec un morceau de sa peau, qui aurait été volé sur son corps après son décès. Enfin, la bibliothèque de Harvard possède un exemplaire de la Danse des Morts de 1816, qui fût reliée en peau humaine par le grand relieur londonien Joseph Zaehnsdorf en 1893. Pour la petite histoire, Zaehnsdorf envoya un courrier à son client pour lui dire qu'il n'avait pas assez de matériau et qu'il allait donc devoir répartir la peau.

Pour tout vous dire, pour avoir eu deux exemplaires entre les mains, il est difficile de faire la différence avec un vélin, c'est peut-être plus sombre, mais je pense que c'est lié à la méthode utilisée. Le toucher... et bien... aisé à imaginer. C'est la sensation qui est étrange. D'ailleurs, les bibliothèques précisent en général que ces reliures sont de grande qualité et ne nécessitent aucun entretien particulier.

Ce message ne traite bien entendu que des reliures réalisées ainsi avant le début du 20ème siècle, l'évolution des moeurs ayant fait disparaître cette pratique par la suite. Je m'abstiendrai de juger, je pense qu'il faut considérer cela comme une curiosité (comme les têtes Jivaro, les reliques, etc.). On peut simplement émettre une réserve sur le fait que les personnes décédées n'avaient pas toujours donné leur accord pour ce type de prélèvement en confiant leur corps à la science (quand ce fût le cas). Pour les autres, qui furent volontaires et organisèrent le prélèvement sur leur propre peau après leur trépas... finalement, ils ne firent de mal à personne.

Nulle fascination, mais de la curiosité, qui n'est pas morbide, je le rappelle. Pour vous le prouver, je prépare un message sur les reliures en porcelaine, comme quoi!

Je rappelle que si vous avez envie d'ajouter des images de reliures dans l'expo virtuelle que je vais faire sur le blog, vous pouvez m'envoyer des images. Elles seront bienvenues.

H

Images : des reliures en peau humaine, justement.

Expo virtuelle

N'hésitez pas à lire le petit rectangle rouge ci-dessus et à m'envoyer des images de vos plus belles reliures.
J'essaierai de proposer cette exposition virtuelle la semaine prochaine.
H

vendredi 22 juin 2007

De L'Esprit et de la Censure

Nous parlons régulièrement des livres interdits ou mis à l'index. Parmi eux, il en est un qui a connu une histoire particulière et restera sans aucun doute l'un des plus retentissants scandales littéraires du 18ème, il provoqua en effet à la fois un véritable engouement des lecteurs et l'ire terrible de l'Eglise et de l'Etat.

Il s'agît de l'ouvrage "De l'Esprit", de Claude-Adrien Helvétius, paru en format in-4 en 1758.

Le scandale fût double et illustre bien les tortueuses voies que devait suivre un livre pour pouvoir être publié à l'époque. Pourquoi double? A la fois parce que le contenu lui-même du livre était matière à scandale (Helvétius établit la nécessité d'appuyer la morale sur l'amour de soi et de faire reposer la conception de l'univers sue le matérialisme... ce qui est assez loin des thèses de l'Eglise de l'époque, vous l'imaginez), et parce que le livre parût malgré cela avec un privilège... c'est à dire l'approbation de l'état!

En fait, Hélvétius était un homme puissant, fermier général depuis 1738 et bénéficiant de la protection de la Reine. Mondain, esprit brillant, fréquentant les philosophes (il est probable qu'il participa à l'avneture de l'Encyclopédie), il comprît vite que son ouvrage de philosophie morale et politique allait avoir des difficultés à passer sous les fourches caudines de la censure.


Il va alors intriguer et faire jouer ses relations auprès de Malesherbes pour que Tercier, un agent du Roi, soit désigné comme censeur de l'ouvrage. Helvétius lui fît alors remettre le manuscrit (en désordre!) et n'aura de cesse de harceler Tercier pour que celui-ci donne son aval. Tercier est un homme débordé, et Helvétius un homme puissant, proche de la Reine, aussi le censeur survolera-t-il apparemment l'ouvrage et se contentera de demander quelques légères retouches... qui ne seront pas effectuées, puisque c'est l'imprimeur qui, prenant le relai d'Helvétius, portera les épreuves au premier commis en lui disant que tout est en ordre, et urgent....


Malesherbes réussit in-extremis à faire ajouter quelques cartons, mais l'ouvrage finît par paraître (1758), contenant à la fois le privilège et son texte proprement scandaleux... Le Parlement intervînt aussitôt en l'insérant dans une liste de livres interdits, il fût rejoint par la Sorbonne et le Pape et le livre fût brûlé publiquement les 31 janvier et 10 février 1759.


Helvétius et Tercier furent soumis à diverses humiliations, ils durent notamment se rétracter publiquement et perdirent certaines de leurs attributions... Tercier disparût rapidement et Helvétius voyagea vers d'autres cieux plus amicaux, notamment en Allemagne et en Angleterre... Son ouvrage suivant, "De l'Homme", parût en 1773, après sa mort. Ses oeuvres complètes parurent elles en 1796 (14 volumes in-8).


C'est je crois un cas unique d'un ouvrage qui parût avec un véritable privilège pour être immédiatement condamné au bûcher. Je ne suis pas philosophe mais l'ouvrage marqua son époque et participa au progrès des idées,... même si Voltaire le qualifia de "fatras"!

Triste époque où l'on brûlait ainsi des livres...

H

Images : quelques cinglés et autres "abrutis" (euphémisme gigantesque) brûlant des livres... J'aime beaucoup la première, regardez la tête de ceux qui dansent autour du bûcher. Et Helvétius.

jeudi 21 juin 2007

Portrait de Bibliophile, Isabelle, professeur de lettres

Jeudi! C'est le jour des stars, le jour des portraits sur le blog.

Aujourd'hui, je vous propose de découvrir celui d'Isabelle, professeur de lettres classiques en Normandie, bibliophile, et heureuse propriétaire d'un émouvant envoi de Sacha Guitry...

Bonjour Isabelle, pourriez-vous nous parler un peu de vous et de votre bibliothèque?

Je suis professeur de lettres classiques dans un collège d’une petite ville de Normandie.
Ma bibliothèque (ou plutôt mes bibliothèques) ploient sous le poids des livres de toutes les formes, aux thèmes les plus divers. Outre les inévitables manuels scolaires, les classiques de latin et de grec et de nombreux autres livres récents (romans ou documentaires), je possède surtout des ouvrages du XIXème siècle, qui me semblent assez différents mais qui finalement ont presque tous pour objet d’instruire leurs lecteurs : j’ai ainsi plusieurs revues reliées comme Le Journal des Demoiselles, Le Magasin des Demoiselles, Le Magasin Pittoresque, Le Journal des Mères et des Enfants… J’apprécie aussi les livres pour enfants, souvent écrits par des auteurs bien oubliés mais joliment illustrés. J’aime découvrir dans tous ces livres l’état d’esprit de « l’époque », la curiosité et l’étonnement des gens face à des techniques de plus en plus performantes mais aussi l’évolution des mœurs. Cela remet aussi certaines idées en place : il y a bien longtemps qu’on se lamente sur les caprices des saisons, la disparition de la bonne éducation et que l’on regrette le bon vieux temps !

Curieusement, je ne suis pas très attirée par les livres de grande littérature et les éditions originales ne m’émeuvent pas particulièrement. En revanche, j’aime qu’un livre ait « vécu » et les petites inscriptions qu’on peut y trouver, tout comme les images ou les fleurs séchées que les précédents lecteurs ont pu laisser me touchent particulièrement.

Depuis quand la passion de la bibliophilie s'est-elle emparée de vous?

J’ai eu la chance de vivre dans une famille où les livres étaient nombreux mais pas du tout sacrés. Je pouvais donc en profiter et je ne m’en suis jamais privée. Je pensais même devenir bibliothécaire… J’ai toujours aimé aller chez les bouquinistes, à la recherche d’ouvrages culturels ou plus originaux. J’ai commencé à acquérir mes livres les plus anciens il y a quelques années seulement, quand une amie recherchait des documents sur la mode du XIXème siècle. J’ai d’abord trouvé quelques exemplaires de revues en piteux état… et bientôt j’ai eu envie d’en voir (et d’en savoir) plus. Parallèlement, je me suis intéressée à la généalogie et j’ai retrouvé qui étaient certains de mes ancêtres : j’ai eu alors envie de mieux connaître ce qu’était leur vie, en recherchant ce qu’ils avaient pu connaître, ce qu’ils avaient pu ressentir… Bref, les livres me permettent bien souvent de voyager dans le temps mais j’y trouve aussi des plaisirs purement esthétiques : j’apprécie les belles reliures mais je suis plus sensible aux gravures et aux illustrations : j’aime les découvrir bien cachées dans des livres qui ne paient pas de mine !

Quels sont vos domaines de prédilection, ou votre approche est-elle éclectique et vous fonctionnez au coup de coeur?

Je suis plus particulièrement attirée par les livres du XIXème siècle, en particulier ceux qui ont une « vocation pédagogique ». Mais des livres plus anciens ou plus récents peuvent me plaire si je les trouve surprenants, originaux ou tout simplement jolis. En fréquentant des salons du livre, à Paris et en province, j’ai pu acquérir aussi des livres récents que j’apprécie particulièrement car ils me sont dédicacés par leurs auteurs et parfois leurs illustrateurs : c’est le souvenir d’une (brève) rencontre qui leur donne du prix. Cela reste évidemment très personnel. Finalement, je dois être plus bibliomane que bibliophile !
Il faut dire aussi que mes moyens financiers restent malheureusement un critère de sélection : je n’ai jamais encore dépensé plusieurs centaines d’euros pour un livre. Mais même avec de petits moyens, j’ai eu parfois de bonnes surprises : dans une foire à tout, j’ai trouvé pour quelques euros seulement un petit livre vendu « dans son jus » (ce terme lui convient parfaitement) : grossièrement relié dans un parchemin un peu craquelé, il a pour titre « Prophéties Perpétuelles, très anciennes et très certaines de Thomas Joseph Moult » et doit dater d’environ 1745. Il est loin d’être en bon état mais amusant à lire. Hélas, je n’ai pas de « scoop » à vous apprendre sur les prochaines années car les prédictions aujourd’hui vérifiables n’ont pas toujours prouvé leur fiabilité !


Où achetez vous vos livres ? Internet, salons, libraires?

Les prix dans les salons sont souvent prohibitifs mais ils permettent de faire la connaissance de certains ouvrages et de se documenter à leur propos par la suite. J’achète volontiers chez les libraires mais je dois dire que j’ai trouvé les offres les plus intéressantes sur internet. J’ai fait quelques trouvailles sur Ebay mais le web m’a aussi permis d’élargir le cercle des libraires que je peux fréquenter depuis mon petit coin de Normandie. Je consulte régulièrement Abebooks, Galaxidion, livre-rare-book ou Chapitre quand j’ai un livre en tête pour trouver l’édition qui me plaît au prix qui me convient : il n’est pas inutile parfois de comparer ces différents sites, car les offres et les prix ne sont pas toujours les mêmes.

Quel est le ou les livres qui vous font rêver? Et les livres que vous possédez déjà et qui vous sont particulièrement chers?

Il y a plusieurs années, je suis allée voir à la Bibliothèque Nationale une exposition intitulée : « Quand la peinture était dans les livres ». Des ouvrages manuscrits conçus entre 1440 et 1520 y étaient exposés. Les reliures étaient magnifiques mais les enluminures étaient époustouflantes ! Aucune photo, malheureusement, ne peut rendre la beauté de ces miniatures, la finesse de ces décors et l’émotion qui s’en dégage. Qui ne rêverait pas de posséder un de ces superbes livres d’heures ? J’en garde en tout cas un souvenir très fort.
Dans le cadre de mes « possessions », j’aurais bien du mal à choisir le livre que je préfère. J’ai quelques reliures (malheureusement assez abimées) du Journal des Mères et des Enfants, une revue pédagogique du milieu du XIXème siècle qui a des idées assez novatrices sur l’éducation et qui présente régulièrement une double page de dessins documentaires pour illustrer certains textes.


Plus sentimentalement, je suis très attachée à une série de livres que je n’ai pas achetés mais qui me viennent de mes grands-parents : il s’agit des « 1001 nuits », en douze volumes, édités chez H. Piazza dans les années 20-30, avec des illustrations de Léon Carré et des ornements de Mohamed Racim. Seuls les deux premiers volumes ont été reliés ; les autres sont brochés. Ce sont de très beaux livres mais je crois que leur origine familiale reste la principale raison de mon attachement.



Vous savez que les lecteurs du blog aiment les histoires, auriez-vous une anecdote à nous raconter, sur une trouvaille, un livre, autre chose qui touche à la bibliophilie?

Mon père m’a un jour offert un exemplaire de « L’Aiglon » d’Edmond Rostand, « quarante deuxième mille », 1900, Librairie Charpentier et Fasquelle. Apparemment, il n’a rien de remarquable ; la reliure est assez usée, le papier a pris une teinte brune. Mais, à la première page se trouve un envoi … assez méchant :


« Pour réparer des ans, l’irréparable outrage
(Racine)
Le flux les apporta, le reflux les remporte
(Corneille)
Compare ces deux vers à celui-ci :
Eh bien ! mais … Sire ! Oui, Sire ! Ah ! Sire ! Sire ! Sire ! »

Ce dernier vers (assez peu riche, il faut l’admettre) est bien extrait de l’Aiglon.(Acte III, sc II)
Or, cet envoi, écrit en travers d’une des premières pages, est signé : Sacha Guitry.

S’agit-il d’un envoi authentique de Sacha Guitry ? On peut le penser. Sacha Guitry avait une quinzaine d’années à l’époque. Il était le fils de Lucien Guitry qui tenait le premier rôle masculin dans la pièce et était un familier de Rostand.; l’adolescent moqueur a sans doute dédicacé ce livre à un camarade, faisant ainsi déjà preuve de l’ironie qui allait le rendre célèbre. (Malheureusement, je n’ai pas trouvé d’autre exemple d’écriture de Guitry à 15 ans pour pouvoir faire une comparaison et lever le doute. Mais quel qu’en soit le véritable auteur, je trouve cet envoi plutôt « piquant » !)

Enfin, vous êtes une visiteuse fidèle du blog... qu'en attendez-vous?"

Effectivement, je viens tous les jours lire les nouveaux articles du blog. Ce que j’aime, c’est que tous ont leur intérêt et leur originalité. J’apprécie autant les « états d’âme » du bibliophile que les articles « instructifs » qui me permettent de combler un peu mes lacunes, ou encore les anecdotes et les devinettes. Grâce à vous, je commence à découvrir les charmes des livres du XVIIIème siècle (et des siècles antérieurs), je comprends mieux certains termes techniques … et je me sens moins seule dans ma bibliomanie !
Bref, continuez ce mélange des genres que vous savez pratiquer avec esprit et humour !
Merci!

Je vous en prie !

H & Isabelle.

Images : Le Journal des Mères et des Enfants (Revue d'éducation nouvelle), les Mille et Une Nuits et l'envoi de Guitry.

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